/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 15-02-17

Thomas Fersen – « Un coup de queue de vache »

C’est maintenant devenu une habitude, tous les 3 ans, Thomas Fersen nous revient avec un nouvel album où la truculence est de mise. Pourtant, le dernier opus, nous avait quelque peu déçus, au travers d’une pop élaborée aux textes parfois un peu faciles. C’est donc peu dire que nous attendions ce nouvel album. « Un coup de queue de vache » est à la hauteur de cette attente, vive, drôle et parfois cruelle.

Le premier titre est un modèle du genre. On retrouve sur ce « Un coup de queue de vache » le Thomas Fersen des grands jours. Contant l’histoire sordide d’un coq finissant en coq au vin, il réussit à nous emporter dans son univers fantasque et vintage qui lui va si bien. Plein d’un humour fin, il dessine en toile de fond une composition plaisante dont on ressort avec le sourire.

Côté instrumentation, après s’être essayé sans grand succès à la pop feutrée, il revient à ses premières amours dans une approche exclusivement acoustique sorte d’orchestration de cordes qui emplissent pleinement l’espace et soulignent avec malice l’histoire. Fersen se plait à nous emporter dans son univers entre fantaisie et enfance ou les maladresses semblent être autant de pierre à son édifice « Encore Cassé ».

Superbement instrumentée chaque saynète nous apporte une vision drôle et sarcastique. Fersen, en conteur hors pair, se plait à nous entraîner dans les circonvolutions de ses histoires absurdes et tendres. Se raccrochant à des situations simples et ordinaires, il en trace une approche fantaisiste et décalée avec un art subtil de la poésie. Il y a chez Fersen l’humanité d’un Sempé, cette façon de voir le verre à moitié plein et d’en rire avec tendresse.

Rappelant ses premiers albums, « La Pachanga » dans des compositions drôles et diablement entraînantes, le français n’a pas son pareil pour travailler sa textuelle à coup de sonorité rigolote. Il croise ainsi avec bonheur son univers vintage et les modes d’aujourd’hui. Mêlant humour et bons mots, il ne s’interdit pas sur « Tu n’as pas les oreillons » de traiter la chose sexuelle avec une truculence et une gourmandise que n’aurait pas renié Pierre Perret.

Avec ce « Un coup de queue de vache », on retrouve avec délice la verve et le verbe de Thomas Fersen dans une suite d’histoire superbement racontées pleines d’un piment qu’on pensait perdu. Dans une approche proche de la berceuse, il détourne ses codes pour rendre chaque titre à double tranchant. Côté face une comptine naïve et fleurie côté pile une chanson travaillée presque triste et réaliste sur l’ordinaire de nos vies. Il y a en creux des chansons de Fersen cet enfant timide qui n’ose pas et préfère s’inventer un monde à lui, centré sur ses aventures imaginaires. À écouter et à réécouter.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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