Sarah Neufeld, ce nom vous dit quelque chose? Compositrice et artiste renommée, la québécoise est surtout connue pour être membre d’Arcade Fire où elle manie comme personne le violon. Elle revient donc en solo pour un premier album atypique entre musique classique et rythmique pop à la puissance émotive impressionnante.

C’est par une introduction tout en douceur que débute « Hero Brother ». Dénudé et planant « Tower » ouvre de la plus belle façon qui soit un opus centré sur le violon et la violoniste.

En effet, c’est au travers de 11 titres instrumentaux que la belle se dévoile. On retrouve dans ces titres ce qui fait la grande force d’Arcade Fire : compositions puissantes et mélodies entêtantes. Ainsi sur « Hero Brother », titre éponyme, Sarah Neufeld avec son seul violon est capable de nous emmener dans son univers boisé et rythmé.

Impressionnante de technique et d’approche, la musique de Sarah nous touche au coeur. A la fois brutale et pleine de finesse, parfois criarde, parfois douce, la canadienne semble faire parler son instrument et nous prouve sa maitrise hors pair de l’archet.

Travaillant sur une structure proche de la musique classique avec différentes parties et mouvements, on se laisse bercer par ces soudains changements de rythme. Hypnotisante à la manière d’un Yann Tiersen sur « Dirt » ou « Right Thought », la Montréalaise nous expose sa science de l’archet et de la mélodie dans une désarmante simplicité. Audacieuse, sortant des sentiers battus, elle transforme son violon en un véritable orchestre où toutes les sonorités semblent se percuter.

Passant d’un ressenti pop, à des morceaux plus avant gardistes, elle innove sur « You are the Field » ou « Breathing Black Ground » réalisant une musique proche de l’art abstrait dans des sonorités troublantes. Osant triturer mécaniquement le son du violon elle réussit à l’image d’un Marc Sens à la guitare, à sortir de son instrument nombre de nouvelles sonorités.

Aidée sur 2 titres par le pianiste Nils Frahm, les compositions de Sarah se suffisent de sa voix et de son violon. A l’image de « Wrong Thought » où au travers d’une technique monstrueuse, elle réussit à nous submerger d’émotion grâce à une ligne mélodique de toute beauté, on est emporté par ce déluge de cordes qu’on a du mal à croire sorti d’un seul violon.

A contre courant de la mode actuelle qui injecte de plus en plus de sons électroniques dans des compositions souvent assez complexes et riches, Sarah Neufeld au travers de ce magnifique « Hero Brother » apporte une sobriété bienvenue portée par une composition brillante et tout en finesse. Seule au violon parfois accompagnée de sa voix, Sarah réussit à nous emporter dans son univers.

Arnaud Le Tillau
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