Tout juste un an après la sortie en France de son dernier album « Punkt », Pierre Lapointe nous revient au travers d’un opus destiné au public français. Après un été passé sur France inter aux manettes de l’émission « Les petits morts », le québécois semble prendre goût à la capitale française. « Paris Tristesse » regroupe quelques 12 titres à la mélancolie infinie pour la plupart issus de ses précédents opus ainsi que 3 reprises de Ferré, Barbara et Aznavour.

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Piano voix, c’est par un « Les lignes de la main » grave et sombre que le québécois ouvre cet album à la sobriété omniprésente. Expurgé de son côté fantasque et sautillant, Pierre Lapointe apparaît de suite sérieux au travers de magnifiques compositions aux textes denses. Oscillant principalement entre morceaux issus de « Punkt » et « Les Callas », le Québécois prouve avec brio qu’il a toute sa place au sein de la très grande chanson française.

Triste à mourir sur « Nos joies répétitives » où il aborde avec réalisme et rudesse la solitude sous toutes ses formes, le Canadien décrit comme nulle autre ce sentiment de ne pas être dans le vrai, de faire semblant. Excessivement réaliste, ses compositions portent en elles cette rudesse anglo saxon dans un écrin musical très français.

Cette nudité que l’on trouve sur l’intégralité des titres, permet de souligner sur « Tous les visages » ou « Nu devant moi » le côté triste et mélancolique qu’il enrobe normalement dans des arrangements vifs et énergiques. Il y a une force rare dans cette musique d’un noir brillant. Chez Pierre Lapointe le drame ne vaut que s’il est éclatant et superbe. Il y a une recherche esthétique impressionnante dans ces textes bruts aux tournures ciselées.

On retrouve chez Pierre Lapointe cette forme de désespoir propre aux grands artistes tels Barbara ou Ferré. Travaillant beaucoup sur le drame cornélien, il réussit à nous proposer de véritables bijoux sculptés dans un noir indélébile. La solennité du piano ajoute à l’ambiance cette intensité que l’on ne retrouve que rarement dans la chanson française. Un titre comme « Les remords ont faim » en est la parfaite illustration.

Pierre Lapointe met sur ce « Paris Tristesse » tout ses atouts au service d’une chanson française de très grande qualité. Il nous concocte un programme rêvé piquant dans chacun de ses précédents opus les musiques les plus marquantes et addictives de son riche répertoire. Chef de file de la nouvelle génération montante des artistes québécois, Pierre Lapointe se pose en artiste complet au pedigree impressionnant. Se permettant de réinterpréter trois grands classiques de la chanson française, le Québécois nous sert un album épuré et intense à la mélancolie très présente. Ébouriffant!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com