/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 03-04-18

Palatine – « Grand Paon de Nuit »

Quatuor parisien, Palatine nous propose depuis 2015 une musique entre pop et chanson française. Après avoir fait les premières parties de Radio Elvis ou Feu! Chatterton, les Français se lancent dans le grand bain au travers d’un premier album intitulé « Grand Paon de Nuit ». À l’image de cette pochette à l’esthétique harmonieuse et sobre, le groupe trace sa route dans une pop-rockabilly excessivement addictive et osée.

Palatine - « Grand Paon de Nuit » : La chroniquePalaSoignant son entrée au détour d’un « Comme ce rouge me plait » à l’esthétique rare, le groupe nous emporte dès la 1ère minute de cette composition dans une pop d’orfèvre au tracé simple et soigné. Mélangeant avec goût clavier, basse, guitare et batterie, ils nous proposent une musique rare et délicate sorte de mélange entre Feu! Chatterton et Revolver. Jouant de leurs textes ciselés, ils animent avec ferveur une musique à la grandiloquence intimiste et diablement addictive.

Doucement rockabilly, dans une ambiance aux guitares éphémère et résonnantes, Palatine trace sa route à coup de tubes bien placés et vite impressionnant sur « Paris – L’ombre » ou « Bâton Rouge ». On se plait à plonger tête la première dans ces compositions aux mélodies cultivées, savantes mais toujours évidentes. Dans une délicatesse rare, Palatine propose une musique aux virages doux et sensibles qui fonctionne à merveille. Folk dans l’âme, la musique des français ne souffre d’aucune excentricité mais d’un sens mélodique hors du commun qui donne au tout une impression de bien être rare. Déployant ses ailes dans des compositions à la fois grave et entêtantes, Palatine apparaît comme une sorte de Alt-J français où les mots et l’instrumentation ne font plus qu’un.

Balayant le spectre  d’une pop de haute volée, les Français n’hésitent pas à être audacieux dans leur proposition. C’est ainsi que dans un univers au feutré de rigueur ils nous font tourbillonner de leur rockabilly jazz sur un « Ecchymose » cotonneux et mousseux comme on aime les entendre. Avec une précision chirurgicale, la pop de Palatine se déploie sur un background sobre et sautillant qui ne cesse de se réinventer. Multipliant les bonnes idées rythmiques ou mélodiques, ils incarnent avec subtilité une nouvelle génération de groupe français au pragmatisme simple et enlevé.

Les Français montrent à chaque composition une maîtrise à chaque fois plus importante et une capacité à créer au dessus de la normale. Osant les différences tout en gardant un cap, Palatine nous propose une vision propre loin des canons du genre. Dans une sobriété affolante, ils nous entraînent dans une pop en forme d’évidence où l’instrumentation devient une extension du texte. Les français creusent avec simplicité un style aux multiples facettes pour un rendu au dessus des espérances. Capable de constructions loin des canons du genre, Palatine impose son art avec une envie rare et un sens mélodique à tout épreuve.

Il y a dans la musique de Palatine ce soupçon de bien séance et de classe dont il est difficile de s’extraire. Dans une musique sur son 31, les français nous impressionnent de leur approche en tout point remarquable. Capable d’enchaîner une pop-jazz avec un country-noisy sans aucune difficulté, ils osent les mélanges. On retrouve dans cette musique, un flegme et une assurance rare qui donne au tout un sentiment de maîtrise absolue. Difficile de ne pas se laisser emporter par cette verve sans défaillance que le leader use avec parcimonie sur des titres passerelle entre country et pop. Créature étrange et puissante, Palatine puise dans les musiques de son temps pour mieux mettre à jour un style daté et s’adapter à son époque.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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