Qui n’a pas souri sur le titre « La Tristitude »? Ce tube devenu depuis une véritable expression synonyme d’un comportement de looser a réalisé un buzz impressionnant élevant Oldelaf au rang de star d’Internet. Le chansonnier et humoriste remet donc le couvert entre 2 tournées avec « Dimanche » son nouvel album mêlant textes humoristiques et variété pop.

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Image même d’une variété française ne se prenant pas au sérieux, proche des Fatals Picards ou des Wriggles dans cette approche humoristico-pop d’une société qui va de plus en plus mal, Oldelaf traîne depuis le début de sa carrière solo cette dualité entre humour et réalité crue.

Connu pour son humour absurde et enfantin, Olivier Delafosse de son vrai nom, ouvre ce nouvel album avec « Le Bruit » titre dans la droite ligne de ses précédentes compositions. Dans une approche pop volontairement cheap, à la fois efficace et simple mélodiquement, le morceau rassemble toutes les caractéristiques propres à l’univers du normand et ravira les fans qui y trouveront cette bonne humeur communicative, ces textes absurdes et drôles accompagnées de mélodies très variété française proches du cliché.

Délaissant quelque peu la parodie musicale c’est dans les textes que cette fois-ci Oldelaf semble s’être investi. Utilisant son sacro saint principe de l’accumulation très réussie sur un titre comme « Kleenex » où l’aide du créateur de Bref apporte une véritable patte et un ressort comique impressionnant, plus classique sur « Le bruit » ou « Qu’est ce qu’on va en faire » malgré un refrain pêchu, Oldelaf semble toujours aussi pertinent pour décrypter nos travers dans une société que l’on subit jour après jour.

Réussissant à nous envoyer en pleine tronche, sous des dehors joyeux et badins, des histoires au réalisme étonnant et tranchant à l’image de cette histoire d’adultère sur « La belle Histoire », il profite pleinement de son image d’amuseur public pour capter l’attention et nous faire réfléchir sur notre condition.

Côté musique Oldelaf construit ses compositions autour d’une pop parfois kitsch ou dans une veine pop rock très classique soulignant ainsi le décalage du propos. On se laisse bercer par les palapapa de « Nos jours heureux » où l’on sent la patte de Jean-Louis Pierot à la réalisation, malheureusement bien qu’au deuxième plan, elle peut parfois rendre un titre agaçant comme sur « Joli dimanche » à la bossa mielleuse.

Plus sombre et sérieux sur la fin de l’album, Oldelaf semble céder à la facilité sur des titres comme « Je suis bien » à la mélodie gentillette et au propos enfantin ou sur « Le dimanche après-midi » dans lequel il se dévoile une âme de nouvelle chanson française se rapprochant d’un Bénabar ancienne mouture.

Album toujours empreint de ce côté humoristique très universel, « Dimanche » signe le retour d’Oldelaf dans l’univers absurde qu’il affectionne. Très réussi sur des titres énergiques et pertinents au niveau des textes, on regrettera le glissement un peu plus sérieux opéré sur la fin de l’opus qui vite l’emporte dans une sorte d’universalité agaçante. Malgré cela, Oldelaf porte à bout de bras une variété française qui ne se prend pas au sérieux. Artiste complet, enjoué, critique sans être méchant, assez fin pour faire réfléchir au travers d’un humour au deux lectures, sa tournée s’annonce de nouveau comme un succès.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com