Sorti mi-octobre, « Care for Colors » est le troisième EP de Modern Folks. Cet EP signe les 3 ans d’existence du groupe qui nous revient avec un son plus aérien que jamais.

Premiers titres dans la ligne droite de Beach House et de leur pop electronisante, Modern Folk se glisse à merveille entre les styles. Parfois folk, d’autres fois pop, ces grenoblois mélangent les genres en y incluant un soupçon de rock anglais 70’s , 80’s. Tantôt très Pink Floyd, d’autres fois lorgnant du côté Talking Heads, ces grenoblois arrangent l’electro pop à leur sauce.

Ainsi,« Wherever they go » premier titre de l’EP nous enivre de ce son très rond porté par un clavier style B3 omniprésent, des guitares plus lumineuses les unes que les autres et une voix très british et sure d’elle servant de base à toute l’instrumentation. Le mélange des différentes couches instrumentales sur la fin du morceau est un modèle d’école et de finesse. Les voix s’entremêlent, puis l’instrumental reprend le dessus toujours très harmonique. A écouter et à réécouter.

La voix extrèmement reconnaissable, très british, presque crooner participe pleinement à l’identité du groupe. Sur « Care for colors », morceau éponyme, elle permet de lier la base rythmique très bancale avec le son electronique très rond.

Proche dans la tassiture de la voix et la façon de chanter d’un Gabriel Yacoub, elle rappelle surtout certains titres de Pink Floyd comme sur « Drop Yourself », titre un peu en deçà.

En effet, toujours très atmosphérique dans l’ambiance la recette utilisée sur les précédents morceaux ne fonctionne plus ici. Peut-être un peu trop travaillé ce titre de 7 min nous lasse rapidement.

La fin de l’Ep suit malheureusement cette tendance. Ainsi sur les titres « Fooled » ou « Somehow it never happened » bien que de très bien construits, on ressent comme une sorte de flou dans l’écoute dû à une faiblesse voulue de la mélodie qui n’arrive pas sur ces deux titres à décoller. La multiplication des couches instrumentales ne palie malheureusement pas à ce manque. L’ajout des différents claviers et autres guitares bien qu’extrêmement travaillé et harmonieux rend le tout un peu trop lourd à ingérer. L’oreille est rapidement saturée et on finit par subir ces titres.

Démarrant en trombe via 2 titres tubuesques à souhait, « Care For Colors » s’essoufle à mon sens un peu sur la fin proposant des titres proche du dernier album de Grizzly Bear. Très bon dans l’ensemble, on regrettera de ne pas retrouver sur l’intégralité des titres la magie qui est de mise sur les 2 premiers.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com