Miley Cyrus monopolise tellement les médias par ses provocations diverses qu’on passerait presque à côté de l’essentiel. Elle sort « Bangerz », cinquième album dont tout le monde parle : clips sulfureux, décryptages textuels pour analyser ses relations avec ses ex, photos de la pochette… Mais on oublie un peu qu’il y a aussi de la musique sur « Bangerz ».

Plus précisément, c’est un savant mélange de RnB, pop et dance que nous propose Miley Cyrus. Comme on en entend trop souvent me direz-vous. Sauf qu’à seulement 20 ans, la chanteuse a déjà une expérience énorme ainsi qu’un potentiel financier hallucinant qui lui permet de s’entourer de qui il veut pour chanter ce qu’elle veut. Et c’est le producteur hip-hop Michael Len Williams, alias « Mike will made it », qui s’y colle. Et il fait les choses plutôt bien dans son genre.

On retrouve donc une poignée de bonnes grosses « power ballad pop », à savoir des titres qui narrent des histoires d’amour un brin dégoulinantes, et débouchant systématiquement sur des refrains à la mélodie accrocheuse et laissant la triste Miley Cyrus s’époumoner tant qu’elle peut. C’est un peu facile mais souvent bien fait à l’image de « Drive » ou encore du single « We can’t stop » et de l’imparable « Wrecking Ball ». Si l’on accepte l’absence quasi-totale d’instruments acoustiques au profit de boucles informatiques et d’effets numériques à la pelle, ce « Bangerz » est une belle réussite en terme de production. Nos sympathiques amis de « Génération Goldman » pourront en prendre de la graine.

Mais que serait un disque signé par un gros producteur de hip-hop US, sans sa dose de clichés et de featuring insipides? Pas grand chose. Voilà donc Britney Spears qui débarque pour un « SMS ». Les deux anciennes égéries Disney sortent leurs plus beaux accents de poufs (en restant poli) pour un titre agressif et sans intérêt. Passons sur les divers passages hip-hop de 12 secondes qui ponctuent régulièrement et inutilement l’album (Big Sean, French Montana…) : Mike a voulu faire participer ses amis, tant mieux pour eux.

Le rappeur Future vient même poser sa voix sur « My Darling » pour un RnB qui se veut lancinant, mais qui n’évite aucun poncif du genre. Certes les basses sont énormes et la grosse caisse doit superbement claquer dans les gros studios de Los Angeles, mais les arrangements ne sont pas très inspirés, se contentant de reprendre le refrain du « Stand by me » de Ben E.King.

Nelly, quant à lui, apparait en guest sur « 4×4 », un titre surprenant. Passons outre les interventions ringardes de guitare classique et d’accordéon, le morceau se base sur une rythmique… country. L’effet est sympathique et les adeptes de la dance 90’s penseront certainement aux Rednex qui nous chantaient « Where did you comme from? where did you go? » sur « Cotton eyed Joe ». L’intérêt musicale est plutôt limité, mais la parenthèse est intéressante.

De son côté, « #GETITRIGHT » surfe sur la vague « Blurred lines » avec son gimmick de guitare et ses sifflets, et ça marche bien, tandis que « FU » impressionne vraiment avec son gros son RnB très lourd et sa rythmique sur trois temps : ça envoie fort et c’est bien ficelé, ne boudons pas notre plaisir.

Ainsi, derrière cette production léchée mais qui en fait parfois un peu trop, se cachent des titres de qualité. Rien d’exceptionnel ou de très nouveau, mais suffisamment bien fait pour qu’on y prête une oreille sans cracher dessus à tout va. Avec « Bangerz », Miley Cyrus prouve qu’elle a son mot à dire dans ce style de pop-dance/ soft RnB. Une trajectoire finalement assez similaire à son idole Britney Spears qui, au début des années 2000, a multiplié les frasques et les titres RnB surproduits pour casser son image adolescente qui lui collait à la peau. Un virage artistique osé, mais qui s’est avéré glissant d’un point de vu personnel pour la « Toxic girl », et que l’ex-Hannah Montana devra éviter. Et ce n’est pas Sinead O’Connor qui dira le contraire.

Marty Tobin
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