/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 19-10-22

Mademoiselle K – « Mademoiselle K » : La Chronique

A chaque album, Mademoiselle K apparait plus percutante et plus déterminée. Cela se vérifie une nouvelle fois dans ce nouvel album intitulé sobrement « Mademoiselle K ». Se livrant pleinement dans un rock au tranchant toujours aussi aiguisé, la maintenant quarantenaire nous entraine dans ses doutes, ses joies et chante l’amour avec une puissance qui nous happe. Cultivant un sentiment d’urgence sur chacune de ses compositions, elle tape une nouvelle fois dans le mille et nous inonde de son talent hors norme. 

« Est-ce que c’est la fin / Est ce que je suis finie / Est ce qu’il faut que je change de vie? » dans ce premier titre la quarantenaire nous dévoile ses craintes d’une vie sur le fil du rasoir où chaque album est un saut dans le vide. Celle qui se dit non installée dans le paysage français a été obligée une nouvelle fois de faire appel à sa fan base pour ce nouvel album via la plateforme Ullule. On retrouve  sur ce « Chloroforme » la puissance d’une femme traversée par les doutes et les craintes mais qui avance sans se retourner. Travaillant une atmosphère anguleuse, Mademoiselle K transcende un rock toujours aussi puissant malgré les années.

Il y a chez la française un côté écorchée vive qui domine dans des sonorités toujours très catchy. Les guitares grattent, la batterie est sèche, tout concoure à nous présenter une artiste mettant ses tripes sur la table dans des compositions puissantes et tonitruantes. Une fois encore, sur « Nos Intensités » la française explose de son talent dans une composition qui dessine dans les grandes lignes une émotion débordante. Dans un rock débordant d’énergie, Mademoiselle K esquisse sa fragilité et cet énervement qui n’a de cesse de la faire avancer. 

Capable de mettre sur la table ses désirs sexuels sans tabou, elle nous propose sur des titres comme « Vercors Hardcore » ou « Les Trains » une approche très littéraire trash sorte de Despentes de la chanson. Nous inondant d’une poésie brute et haletante, Mademoiselle K cultive une vulgarité poétique qui nous impressionne de sa puissance « Dans le Vercors / mes nuits sont hardcore / des braises de baise / un litre de lèvres » . Lascive à souhait dans ces compositions matricielles aux guitares saturée et rondes, elle nous souffle de sa capacité à mettre le feu.  Allant directement au but dans une langue fleurie et rude, la quarantenaire s’affiche en femme indépendante assumant pleinement ses choix.

Nous entrainant dans une poésie du quotidien qui n’élude rien sur « Ta sueur » au texte sobre plaqué sur une frénésie rock, elle est aussi capable de nous surprendre dans un « Garçon Bleu » à l’énergie tout en retenue. Terriblement addictive dans sa mélodie et sa batterie osseuse, Mademoiselle K ferme avec brio ce nouvel album dans un « Trafiquante de Crêtes » au texte illuminé digne d’un Bashung . Dans une poésie éclatante qui nous émeut de sa puissance, elle nous happe par ces quelques mots qui viennent nous toucher de leur message à la force impressionnante.

Avec ce nouvel opus, Mademoiselle K aborde sans détours les questionnements liées à son âge. Avec une rudesse qui force le respect,  elle se met en scène dans ses doutes sans fioriture. Dans une musique à la mélodie qui nous enivre, elle nous propose des compositions qui montent  progressivement en puissance. Avec une délicatesse à la rudesse de façade, Mademoiselle K dessine les doutes et les joies qui l’habitent mieux que quiconque. Dans un charisme aussi fragile qu’entêtant, elle nous propose 11 titres sur le fil dessinant la vie d’une artiste complexe au parcours de vie parfois douloureux mais toujours intense et vivante. 

Nos coups de ❤ : CHLOROFORME, NOS INTENSITES, VERCORS HARDCORE, TRAFIQUANTE DE CRETE

Note : 9.5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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