La Maison Tellier – « Primitifs Modernes »
Connus pour une country folk des plus ciselées atteignant une forme de Climax sur leur précédent album, La Maison Tellier nous revient dans un format beaucoup plus rock souvent pop parfois blues. Ce « Primitifs Modernes » permet aux normands de s’émanciper d’une folk ronronnante et subtile qui les avait peu à peu engloutie. Avec un œil frais, ils déboulent grâce à leur une maîtrise impressionnante dans un rock éclatant et mélodique qui vite nous reste en tête et réussissent avec brio à se renouveler. Dessinant une musique aux harmonies travaillées, les français semblent trouver là un nouveau départ à leurs aventures.
Haut en couleurs sur un premier titre éponyme « Primitifs Modernes » , les français posent de suite le décor de leur nouvelle Maison loin d’une pop folk intimiste. Dans une approche entre pop rock et électro qui donne au tout une véritable énergie, La Maison Tellier nous propose des titres aux mélodies implacables et déroule une pop rock matinée d’électro vite addictive. De sa voix reconnaissable entre toute Yannick Marais (alias Helmut Tellier) plaque ses mélodies extrêmement prenantes sur un background rond et singulier. Avec un grand sens de l’instrumentation, les français définissent une pop d’orfèvre aux mélodies dorées. Toujours innovant dans la façon qu’ils ont d’amener un titre à la pop singulière, ils réussissent à se renouveler tout en gardant une puissance mélodique toujours aussi forte.
On se laisse emporter par cette musique qui sous des dehors assez simple renferme une instrumentation ingénieuse et bien huilée qui éclate au grand jour au fur et à mesure de l’écoute. Avec une simplicité folle, La Maison Tellier réussit à nous proposer une pop extrêmement fouillée et vite entêtante. Sans jamais tomber dans une pop expérimentale ou violente, les français nous emportent dans un entre deux travaillé et diablement addictif. Faisant intervenir beaucoup la trompette, ils transforment ainsi une pop sage en un feu d’artifice à la rondeur enthousiasmante à l’image du très bon « ChinaTown » .
Il y a chez La Maison Tellier une rondeur que l’on retrouve dans peu de productions de pop actuelle. Avec un sens harmonique hors norme, les normands nous inondent de mélodies toutes plus travaillées les unes que les autres. Jeu de basse sautillant, trompettes dynamitantes, guitares en arpège, la musique de La Maison Tellier trouve son influence dans une variété de très grande qualité où chaque morceau navigue entre intimité et grandiloquence. Il y a un peu de Francis Cabrel voire de Jean Louis Murat dans cette instrumentation, dans ce qu’elle a de plus touchante, d’accaparante et d’entraînante. Pas étonnant d’apprendre que c’est Pascal Mondaz qui est aux manettes (comme il le fut pour The Delano Orchestra ou Murat himself).
Avec ce nouvel album, La Maison Tellier semble enfin trouver leur voie dans un style où le conceptuel vient percuter une pop rock classique mais toujours audacieuse. Se distinguant dans leur propension à enchaîner les tubes à la pop rock soignée, les Français nous transportent avec verve dans une musique à la pop à la fois enjouée dans l’intention et grave dans les faits. Redécouvrant un rock qui leur a longtemps fait défaut, ils mettent leur sens mélodique au service d’une musique jouissive et diablement entêtante dans un rock blues de plus prenants.
Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com
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