Connu pour avoir fondé avec son frère Julien Le groupe « The Season », Hubert Lenoir demeure un quasi inconnu en France. Mais cela ne devrait pas perdurer, en effet dans un premier album brillantissime, le québécois nous entraîne dans une folie pop rock extrêmement addictive. Possédant un véritable don pour un rock extrêmement créatif le canadien nous transporte avec sincérité et engagement dans une musique à la chaleur communicative. 

C’est par un « Fille de personne I » en forme d’introduction jazz que ce premier album démarre. Le canadien déroute dès le premier titre en nous proposant un style que l’on attendait pas et nous fait toucher du doigt l’éclectisme de son approche et l’audace de son univers. Dans une pop pointue et intransigeante il ne cesse de nous transmette cette folie sonore qui fait un bien fou. Sautillant sur le magnifique « Fille de personne II », le québécois nous inonde de ses bonnes ondes avec un sens du swing rare. On se laisse emporter par cette pop brillante aux sonorités mêlant l’electro et Le rock dans un tout à l’opéra sous jacent.

Théâtralisant pleinement chacun de ses titres il nous entraîne dans une musique aux milles et unes facettes qui prennent rapidement corps dans des compositions puissantes et brillantes de mille feux. Plein d’une certaine grandiloquence, multipliant les couches instrumentales pour mieux nous immerger dans son univers fourmillant de milles et unes bonnes idées, Hubert Lenoir nous sert une pop foutraque et diablement bien produite dans un écrin opéra rock sur 3 premiers titres en forme d’évolution pop. On se laisse prendre au jeu de cette approche unique à la technique impressionnante qui au fur et à mesure nous font entrer dans l’univers complètement barré d’Hubert Lenoir. De sa voix androgyne, le canadien dessine une musique à nulle autre pareil véritable mélange entre Bowie, MGMT et Queen pour un rendu entre opéra rock, théâtre et pop glam.

Maîtrisant une instrumentation volage et en constante transformation, il ne cesse de nous surprendre de son talent qui au fur et à mesure de l’album apparaît de plus en plus flagrant. On se surprend à aimer ces musiques à la pop léchées qui au détour d’une ligne de basse se met à déjanter complètement nous emportant avec un naturel désarmant dans une pop bordélique et diablement salvatrice. Proche de l’album parfait, ce nouvel opus du jeune Canadien signe l’arrivée d’un grand de la chanson francophone et mondiale par cette façon unique qu’il a de mélanger les styles pour en faire une créature hypnotisante et délétère que l’on se plait à écouter sans s’arrêter.

Véritable touche à tout, le canadien nous impressionne de la justesse de ses choix et de l’audace qu’il ne cesse de convoquer dans chacun de ses titres à l’image des très bons « J.C. » ou « Wild and free ». Prenant à contrepied une pop formatée, il dessine un univers atypique au brillant équivoque qui au travers d’instrumentation riches et mélodiques nous enivrent d’un son sens artistique hors du commun. Avec une singularité qui se fait malheureusement de plus en plus rare, Hubert Lenoir construit une musique doublement efficace sans jamais tomber dans les sirènes d’une musique commerciale.

Multipliant les parties géniales et construisant de bric et de broc une pop merveilleusement humaine, Hubert Lenoir transgresse tout les canons de la pop pour mieux se les approprier dans des instrumentations excessivement brillantes aux rythmes changeants. Il y a un mélange de comédie musicale, de rock glam et de liberté totale dans ces titres excessifs à tout point de vue. Avec un sens de la mélodie renversant, le canadien nous transporte dans l’orgie musicale qu’est ce grand barnum plein de paillette. Avec une imagination sans borne il construit une oeuvre pointue et populaire comme il est rare d’en entendre.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com