/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 24-01-18

Guillaume Poncelet – « 88 »

Arrangeur et réalisateur de renom, travaillant auprès de Ben Mazué , Ben l’Oncle Soul ou Gaël Faye, Guillaume Poncelet nous propose en ce début d’année son premier album en son nom propre intitulé « 88 ». Au travers de 16 pièces au piano, il égraine avec virtuosité son art de la nuance et son sens inné de la mélodie pour un rendu qui apparaît comme un des albums incontournables de cette nouvelle année.

Guillaume Poncelet - « 88 » : La chroniqueDébordant d’une mélancolie fine et sincère, le français nous happe dès les premières notes de « Morning Roots » et nous pousse dans son imaginaire triste et remuant. Plein de ce piano qu’il n’a jamais cessé de pratiquer en autodidacte, sa musique sent bon les premiers instants, les délicates intentions, les chansons fredonnées. Parlant un langage universel il dessine avec ce premier titre un univers loin des violences d’une électro rude ou d’un hip hop salvateur. Simplement sans artifice aucun, il nous transperce de sa clarté et son évidence musicale.

Tout doucement, Guillaume Poncelet nous propose des titres tous plus délicats les uns que les autres. Rappelant en cela un Gonzales, le français nous emporte dans une multitude de vagues qui toutes font mouche. Sans jamais tomber dans une musicalité facile ou déjà entendu, il mixe avec élégance une approche classique voire sobre de la pratique pianistique avec une construction moderne et vivante ponctuée de déliées et de rondeurs. Travaillant une matière musicale sans nulle autre pareil, Guillaume Poncelet nous concocte une musique cousue main aux créations puissantes et variées.

Frissonnant d’émotion sur un « Homo Erectus » riche et bouleversant, le français se plait aussi à égratigner son approche en y introduisant une électro discrète mais efficace. On est ainsi surpris sur « Reverse » de son audace sonore transformant ce titre en véritable expérience sonore. Continuant à travailler melodiquement des morceaux excessivement bien pensés, il les désosse en ne gardant qu’une colonne vertébrale aux sonorités rondes. On est vite emportés par cette façon qu’il a de faire surgir la modernité au détour d’un jeu de main ou d’une pirouette technologique.

Guillaume Poncelet raconte des histoires au travers de ses mélodies à la mélancolie forte et profonde. On se laisse dériver par ces musique des songes qu’il réussit à rendre palpable grâce au piano. Criant de douceur, chaque morceau nous transporte dans un univers aux background enchanteur et triste que l’on se plait à rêver. On retrouve dans cette approche sobre et harmonique un peu de Tiersen sur le magnifique « Homo Erectus ». Grave dans son interprétation ce titre nous tord l’âme de ses envolées simples et nuancés qui nous font pleurer. La musique de Guillaume semble synthétiser une vie avec ses joies ses doutes ses euphories et ses tristesses sans fond.

Il y a une évidence dans la musique de Guillaume Poncelet de celle qui nous font taire, qui ne souffre d’aucun commentaire qui se laisse écouter. La musique de Guillaume Poncelet touche au plus profond de l’humain grâce à cette utilisation unique du piano. L’instrument, grave et solennel, se découvre mutique et nuancé sous les doigts expérimentés du français qui l’utilise avec un sens rare de la nuance pour un rendu des plus vibrant. Egrainant avec pudeur une tristesse retenue, le français nous embaume de sa vision tout en nuance d’un monde où enfance et monde adulte ne forme plus qu’une seule et même approche. On frissonne à l’écoute de ces quelques notes qu’il effleure de ses doigts d’or. Jouant l’excellence avec simplicité, il nous fait vibrer de son sens innée de la construction pour un rendu lumineux et grave.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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