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Date d'ajout : 21-09-25

Feu! Chatterton – « Labyrinthe » : Notre Avis

Avec « Labyrinthe », Feu! Chatterton signe un retour magistral, poétique et plus précis que jamais. Dès le premier titre, « Allons Voir », le ton est donné : Arthur Teboul nous transporte avec des mots ciselés, dessinant les contours d’une œuvre libre et happante. Cet album, qui se présente comme une succession de titres marquants, démontre une fois de plus la grâce et l’audace du groupe. 

L’impression de renouveau est palpable, et la musique, loin d’être éclipsée par la force des textes, se fond avec eux dans un ensemble cohérent et profondément émouvant. C’est une invitation à se laisser porter, une œuvre essentielle dans une époque troublée.

L’album se distingue par une matière sonore riche et enivrante, qui ne cesse de surprendre. Le groupe navigue avec maestria entre les genres, de l’électro-pop audacieuse de « Le Labyrinthe » aux sonorités berlinoises et tranchantes de « L’Étranger« . On y retrouve également un rock doux et granuleux sur le très théâtral « Cosmos Song« , sans oublier les atours très 80’s de « Ce qu’on devient » et l’électro noircie de « Monolithe« . Cette variété, qui fait la force du groupe, crée un dialogue constant entre la chanson française et une pop moderne. Chaque composition, qu’elle soit électro-acoustique ou rock, s’aligne parfaitement sur la prose d’Arthur Teboul, prouvant que les Français sont au sommet de leur art.

La véritable magie de « Labyrinthe » réside dans sa poésie, à la fois grave et folle. La prose d’Arthur Teboul glisse à nos oreilles avec une sensibilité rare, transformant ses poèmes en hymnes qui touchent droit au cœur. Les thèmes abordés, de l’espoir sans nom de « Allons Voir » à la gravité du deuil sur « Milles Vagues« , sont traités avec une profondeur folle et une puissance syntaxique qui fait frissonner. Le groupe nous pousse à accepter notre condition tout en embrassant notre liberté, comme sur « Le Labyrinthe« , et nous invite à un lâcher-prise salutaire sur « Baisse les armes » : « Baisse un peu les armes / laisse venir les larmes que tu redoutes ». C’est une œuvre qui nous fait aimer nos vies, tout en nous bouleversant par sa pertinence.

Certains titres se démarquent par leur capacité à concentrer l’essence de l’album. « À cause ou grâce » est un chef-d’œuvre de simplicité et de puissance, où une voix seule et un piano minimaliste suffisent à convoquer nos souvenirs d’enfance et à détricoter nos idéaux perdus. C’est peut-être l’un des plus beaux morceaux du groupe, où chaque note et chaque mot s’alignent à merveille. Sur « Milles Vagues« , la poésie sensible d’Arthur Teboul sur le deuil, accompagnée d’un mélange de guitare, voix et cuivres, nous bouleverse. Enfin, la sonorité ronde et luxueuse de « Sous la Pyramide« , construite au Louvre, montre comment Feu! Chatterton a su croiser les arts pour transformer l’essai avec brio.

En définitive, cet album est le résultat de treize discussions réussies entre textes et musique. Là où la chanson française a parfois tendance à écraser la musique de ses textes poétiques, Feu! Chatterton réussit la performance de placer les deux au même niveau, et à quel niveau ! L’œuvre théâtralise avec minutie une atmosphère qui nous enivre et nous impacte durablement. Le groupe se renouvelle avec élégance et puissance, nous laissant complètement bouleversés. C’est une symphonie de bienveillance et de douceur, qui nous berce de sa musicalité tout en conservant une puissance évocatrice folle.

Feu! Chatterton. – Labyrinthe

Nos coups de coeur : MILLES VAGUES, BAISSE LES ARMES, ALLONS VOIR, SOUS LA PYRAMIDE

Note : 9.8/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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