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Date d'ajout : 16-09-21

Emily Loizeau – « Icare » : La Chronique

Sur ce nouvel album, Emily Loizeau devient productrice de son travail. Ce qui pourrait paraitre comme une anecdote est finalement un geste extrêmement cohérent au regard des thématiques abordées sur ce nouvel opus. Construit en quarantaine en Angleterre, ce « Icare » raconte une Emily Loizeau intimiste se dévoilant au travers de ses engagements climatiques et sociaux. Somptueux, touchant et rageur ce nouvel album humain par excellence porte haut et fort le message d’une artiste conscient de la fragilité d’une vie « qui tient du miracle ».

Dès les premiers accords on ressent cette intimité qui colle à la peau « Le poids de l’Existence ». Dans une pop scintillante, la française se dévoile dans une musique superbement orchestrée qui nous enivre de sa délicatesse. Cultivant une pop à l’orchestration légère, elle domine de sa voix unique une composition grave et touchante et nous fait tressaillir de sa plume enivrante. Dans une poésie qui n’en finit pas de s’envoler, Emily Loizeau nous met KO dès les premières notes à l’image du rude « Silent ». Elle s’y présente à nous nue et sans fioriture dans un titre où le rock vient habiller de façon très sobre une chanson chantée en anglais qui fonctionne à merveille. 

Passé ces 2 titres, l’album bascule dans une sorte d’émerveillement sans fin. Que soit sur le bouillonnant « Danser sur un Volcan » à l’imagination espiègle ou le poétique « Eldorado » en passant par le très folk « Celle qui vit vers le Sud », Emily Loizeau nous donne le meilleur d’elle même dans un déluge de titres tous plus sensibles les uns que les autres.  Elle nous transperce de sa poésie fine et délicate. On se laisse envelopper par cette poésie douce qui n’a de cesse de nous remuer. Dans un écrin à la folk grésillante, Emily Loizeau signe ici un de ses plus beaux titres dans une sorte de légèreté sur le fil à la gravité saine.

Piano, sonorité électro, dépareillée , joie intérieure, puissance des croches tout concoure à faire d’un titre  comme  « The Crossing »  une sorte d’hymne à l’enfance, à ces petits chagrin et à ses grandes joies. On se laisse envahir par une plénitude, une nostalgie réelle ou rêvée qui nous assaillie de ses bonnes ondes. Avec une poésie sans faille, Emily Loizeau dessine l’enfance et nous touche par sa capacité à la rendre universelle. Grave sur « We Cant Breathe » ou le fracassant « Renverse » , la française impose sa patte avec beaucoup de tact dans une musique qui nous émeut et nous bouleverse. 

La force d’Emily Loizeau est cette capacité d’intégrer dans des compositions exigeantes au niveau technique une émotion qui n’en finit pas de nous toucher. Tout est frissonnant dans cet album, cette voix écorchée, cette poésie qui nous émerveille de sa délicatesse et de sa pertinence. Il y a du Anne Sylvestre chez Emily Loizeau. Dans une bienveillance proche de l’enfance, la française utilise son talent pour mieux se raconter. Tout est magique, tout se consume en quelques secondes dans un ensemble de compositions au lyrisme léger, aux textes forts et à la mélancolie folle. Dans cette période troublée, Emily Loizeau signe ici un de ses plus beaux albums.

Note : 9,5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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