Chateau Marmont – « The Maze »

Chateau Marmont n’a peur de rien ni de personne. C’est l’impression que laisse « The Maze », premier album déconcertant par son hétérogénéité, mais qui laisse petit à petit entrevoir un groupe tiraillé entre une électro pop sympa et réussie, et des expérimentations analogiques qui le sont tout autant, si ce n’est plus.
« Wind Blows » puis « Wargames » avaient ouvert les hostilités. De l’electro pop léchée et ensoleillée aux mélodies instantanées et efficaces. On peut dire qu’à ce petit jeu, Chateau Marmont rivalisent avec les ex-meilleurs, à savoir Phoenix, à qui on les a maintes fois comparés. Force est de constater que les outsiders parisiens réussissent là où les leaders versaillais ont quelque peu échoué avec « Bankrupt! ». Les deux groupes ont en commun un amour immodéré pour les vieux synthés analogiques, mais là où Phoenix en fait une bouillie parfois indigeste, Chateau Marmont sait doser les ingrédients et saupoudre la recette d’une dose d’humilité non négligeable.
Car les trois Chateau Marmont ont mouillé le maillot pour nous offrir « The Maze » et ça sent, quitte à parfois à nous perdre un peu dans ce labyrinthe sonore. On alterne donc les fameux titres electro-pop californien aux influences du début des années 80 (« The Joey Song », « Exposition », « Wargames »), avec des morceaux beaucoup plus sombres comme « Invisible Eye » et sa voix pitchée. Sébastien Tellier (en forme) n’est pas loin et l’ambiance est plus aérienne.
Dans la même veine, « Tales from the Creek » joue les « Midnight Express » et les vieux synthétiseurs sont à l’honneur. Ca marche superbement : un climat inquiétant, quasi-instrumental et loin du format couplet/refrain sans pour autant oublier l’aspect mélodique primordial. Chateau Marmont va à l’essentiel sans jamais trop en faire, et ce n’est pas si évident… L’influence de Air plane, et on pense à « 10 000 Hz Legend » pour le côté sombre, mais aussi à « Moon Safari » avec le soutien de cuivres chauds et ronds sur l’excellent « Receive and Follow », titre au vocoder omniprésent et à la mélodie impeccable.
Côté son, on baigne dans un retour à la fin des années 70, débuts 80 pleinement assumé: on peut citer Kraftwerk ou Gainsbourg pour faire classe, mais on peut aussi évoquer Jean-Michel Jarre ou Eric Serra sans aucune honte. Et c’est là que réside le secret de Chateau Marmont : ils font ce qu’ils veulent et ce qu’ils aiment sans crainte des comparaisons.
Un solo de saxophone sur « The Maze », des guitares électriques en harmonie sur « The Joey Song » et un clin d’oeil très appuyé à la variété française façon « Pull Marine » d’Isabelle Adjani sur « Affaire Classée »… et ça marche! C’est fait de manière décomplexée et sans calcul et le résultat est là : une pop hybride qui ne choisi pas entre le générique de K2000 et François de Roubaix ou entre Air et Sabine Paturel…
Pourtant ces grands écarts de comparaisons hétéroclites n’empêchent pas Chateau Malmont d’être totalement cohérent. Pour preuve le final « Colonization », formé de trois morceaux distincts, et grand moment de l’album. On est ici plus proche d’un final façon « Brain Damage/Eclipse » de Pink Floyd mêlé au « Blade Runner » de Vangelis. Quasi-instrumentaux, les 3 titres s’enchaînent merveilleusement, créant une tension lourde et planante, rempli d’arpeggio synthetiques, de nappes énormes et de cassures rythmiques (« Desertic »). Sans aucun doute le sommet d’un album complexe dont on vient de trouver la clé.
« The Maze » est un album maîtrisé de bout en bout qui propose une diversité étonnante, oscillant entre electro ensoleillée et sympathique, et surtout de vraies tranches de musique analogique plus dense et sombre.Un tiraillement à l’image des tergiversations du groupe ayant abouti à ce premier album, et qui débouche sur un véritable album cohérent et ultra dense, mais surtout réussi.
Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com




































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