Artiste majeure de l’électro française, Louis Warynski alias Chapelier Fou nous revient en ce début d’année au travers d’un album studio faisant suite au live enregistré dans le cadre d’une session ARTE. A une époque où les concerts se raréfient pandémie oblige, le messin nous livre une sélection de ses meilleurs titres réinterprétés pour l’occasion avec un ensemble classique dont il fait partie. C’est un septuor  qui accompagne donc le français sur un « Ensemb7e » suspendu et aérien. 

Tout démarre avec « Les Mariannes » qui se prête complètement à cette interprétation. Dans un mélange gracieux de corde et de bois Chapelier Fou donne à sa musique un souffle nouveau. Au travers d’une ritournelle qui n’en finit pas de nous entrainer dans son tourbillon, la musique du français nous donne à voir une complexité à nue qui fonctionne parfaitement. Sobrement, le titre se matérialise devant nous et bascule d’un coup dans un mélange beaucoup plus osseux où les instruments classiques trouvent de suite leur place. On est captivé par cette interprétation qui ne perd pas son groove et trouve dans ce nouveau matériau sonore une véritable souplesse.

Les liens entre musique classique et électro chez Chapelier Fou ne sont pas nouveaux. Connu pour sa musique électronique de chambre, le français a toujours donné à sa musique une impression très sobre et élégante propre au classique. Travaillant chaque texture avec soin, Chapelier Fou réussit dans cet album à reconstruire ses morceaux avec de nouveaux instruments tout en gardant cette touche qui fait sa spécificité. On se laisse immerger dans ces sonorités à la rudesse charmante «  Fuses » qui apportent aux compositions une sorte de puissance évocatrice folle. Plus que sur les originaux, la musique du messin ainsi retranscrite nous éclabousse de sa structure et de sa finesse musicale. On aime par dessus tout l’harmonie qui se dégage de cette musique sans jamais tomber dans une sorte de symphonie gluante.

Sans chercher à attirer l’oeil ou à montrer les muscles, le français décline avec beaucoup de poésie et de pudeur une musique à l’électro fine dans un écrin à la simplicité virevoltante. Il y a dans la musique du français une rigueur qui se prête parfaitement au classique. Délaissant ses claviers pour descendre dans l’arène classique, Chapelier Fou transcende le style. Grapillant ça et là des intonations et des sonorités étonnantes, il réussit à calquer le classique sur sa vision pour en faire une musique énorme d’avant-garde mélodieuse « Tea Tea Tea ».

Superbement pensé ce « Ensemb7e » en forme de best of,  réussit à proposer quelque chose de nouveau et donne à l’auditeur l’occasion de redécouvrir des morceaux à l’électro feutré dans un cadre aux cordes travaillées. Le résultat est magnifique et lumineux. Croisant les sonorités pour mieux les agencer dans un concert de bonnes idées, Chapelier Fou transforme sa musique sans perdre une once de sa puissance initiale.  Réussissant à reproduire cette impression de pointillisme qui prévaut dans chacune de ses compositions, il retourne la table dans un album mettant en avant sa capacité impressionnante à se renouveler et à créer. Dans un concert de précision, la musique du français se dévoile complexe et entrainante, précise et aérienne.

Nos coups de  : LES MARIANNES, FUSES, TEA TEA TEA

Note : 8.5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com