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Date d'ajout : 31-05-13

Bertrand Belin – « Parcs »

Chronique Bertrand Belin - Quai Baco
5ème album solo, « Parcs » sonne le retour de Bertrand Belin au travers d’une musique toujours très soignée et millimétrée. Le français semble cette fois ci se perdre dans une complexité surfaite dénaturant un album pourtant très travaillé.

C’est sur un arrangement très country, proche de ce que peut faire Calexico, que s’ouvre ce nouvel opus. Instrumentation parfaite, ce « Comment ça se danse » nous laisse pantois sur le talent de compositeur du français. Complexe et raffinée la musique de Bertrand Belin s’apprécie par petites touches. Posant sa voix grave et classieuse, Bertrand met clairement en avant un texte dans une économie de mots parfois à la limite de l’abstraction.

Car au fur et à mesure de l’écoute de « Parcs » on a cette étrange impression d’un tout cohérent mais d’une sophistication parfois un peu trop poussée. Ainsi sur « Ruine », l’apport d’un clavier très vintage appuyant par petites touches un texte ciselé, rend le tout très froid et complexe. Bertrand Belin semble inatteignable, cloîtré dans une bulle de verre.

Bertrand Belin "Parcs" - Quai BacoRappelant à la fois Dutronc ou Bashung dans la voix sur « Requin », le breton de naissance s’inscrit dans la droite ligne d’artistes très haut de gamme tel Gainsbourg chantant voire scandant des textes lapidaires sur un arrangement des plus complexes et addictifs. Mais là où l’homme à la tête de chou réussissait à rester proche de son public au travers de textes impressionnant, Bertrand Belin se prend les pieds dans le tapis et s’éloigne du sien par une froideur et un dédain inconscient dans son attitude.

L’originaire d’Auray semble se gargariser de ses propres mots comme sur « Ca va ça va ça va » où sur un titre en forme de blague, se cache un folk alambiqué et extrêmement complexe. Bertrand se pose en expert et esthète de la chanson française mais devient vite lassant.

A contrario il faut bien reconnaître une réelle maîtrise technique au niveau des arrangements. Toujours très étudiés et étonnamment très abordables, l’instrumentation de « Parcs » est un modèle du genre. Aussi bien à l’aise sur un son très country « Sous les pas » ou plus chanson française sur « Plonge », le français semble se jouer des difficultés musicales pour nous fournir un écrin folk rock dans lequel il essaye tant bien que mal de poser sa voix grave au grain agréable et rond.

Mais au final, Bertrand Belin lasse, par cette lenteur, par ce sentiment de supériorité clairement inconscient qu’il semble afficher et cette pseudo-classe justifiant parfois toutes les dérives vocales. « Parcs » est à l’image de sa pochette : un album imbibé de complexité et sophistication qui rendent le tout indigeste voire prétentieux malgré un arrangement des plus fins. Bref une belle déception…

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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