Qui aurait pu croire dès leur arrivée en 2009 que Archimède dureraient 10 ans ? C’est pourtant un fait, les frères Boisnard nous reviennent donc dans une sorte de best of en forme de concert donné non loin de leurs racines et accompagné une fois n’est pas coutume d’un quatuor à corde. Enregistré dans les conditions du live, cet album fait la part belle aux titres phares du groupe qui pris sous cet angle nous donne une idée du chemin parcouru par ces 2 mayennais. 

Les premier titres de ce « Pop Decennium » nous mettent de suite dans le bain. Que cela soit sur « Je singe le Monkey » ou « Au marché des Amandiers » , le duo mélange leurs titres les plus connus pour n’en garder que l’essence même dans des interprétations sobres. Gardant pleinement leur vivacité, Nico et Fred apparaissent libérés des fioritures instrumentales pour mieux toucher au noyau de ces titres capables de nous emportés malgré cette approche stylisée et diablement nue. 

Avec la  délicatesse qu’on leur connaît, les jumeaux nous entraînent dans une pop douce et pleine d’espérance sur la thématique du changement de sexe « Presqu’il » . On se laisse porter par cet inédit à la musique simple et aux mélodies toujours aussi impactantes. Il y a dans cette approche un je-ne-sais-quoi qui les rapproche des Cowboys Fringants. Sans jamais tomber dans une variété sans relief, les lavallois proposent une nouvelle fois une folk populaire et savante.

Ceux que l’on prenait pour des Oasis français sans y porter réellement attention, ont fait mentir tout les pronostics de ceux qui ne voyaient dans cette nouvelle formation qu’un groupe tribute. Se réinventant dans un cocon folk-classique, Archimède redonne à leurs titres une deuxième jeunesse. On est de nouveau emporté sur « Au diable Vauvert » par cette pop pétillante et gracieuse qui sous ses airs de petite mélodie gentillette cache une machine pop sans faille qui rapidement nous immerge de sa puissance. On est comme entraînés par cette instrumentation qui met en valeur des arrangements extrêmement soignés et efficaces possédant ce fluide Beatles qui donne au tout une couleur unique.

Cette musique distille une mélancolie tantôt grave tantôt légère. Avec une subtilité qu’on ne leur connaissait pas il y a dix ans, Nico et Fred dessine avec bonheur une musique à la rondeur assumée pleine de bonnes intentions. Il y a quelque chose de très provincial au noble sens du terme, un mélange d’humilité et de personnalité qui donnent à chacune de ces compositions une impression évidente de bienveillance et de timidité. Les Français malgré 10 ans de scènes ont su garder dans leur fort intérieur cette sensation, cette approche qui les rend si touchant et aussi tellement en phase avec leur époque. Il y a derrière ces personnalités un groupe à l’aise avec ses faiblesses et ses forces dont pas mal d’artistes devraient s’inspirer. 

Il y a dans la musique d’Archimède une fausse candeur, une fausse naïveté qui fonctionne à merveille. Rares représentants d’une folk francophone et populaire, les français trimballent leur belles mélodies dans un mélange de folk, de pop et de variété pour un tout extrêmement accessible. Tout chez les Français transpire le travail bien fait. Les instrumentations sont sublimes et cachent derrière des mélodies entêtantes des trésors de mécanisme rendant le tout très léger et faussement simple. Ce nouvel album est l’occasion pour le duo de faire un premier bilan de ces 10 années de carrière. Avec un soin particulier pour les mélodies entraînantes et entêtantes les deux frères nous font voir l’étendu du spectre de leur production. Passant de jeunes provinciaux rêvant d’une vie parisienne idéalisée aux adultes conscient et fiers de leurs racines, le duo a réussit à garder cette approche éminemment populaire dans laquelle les mélodies entraînantes jouent un rôle essentiel. Puissants, colorés et entraînante  la musique des Français ne cesse de pourfendre une approche positive mais réaliste d’un monde loin d’être parfait.

Arnaud Le Tillau
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