Connu pour son exigence et son talent hors norme, le norvégien André Bratten nous revient dans un nouvel album (son cinquième) intitulé « Picture Music ». Considéré comme un artiste aux compositions parfois complexe d’abord, le norvégien nous propose dans ce cinquième opus, une vision beaucoup plus abordable d’une électro à la finesse impressionnante. Au travers de 11 titres comme autant de tableaux impressionnistes, il nous offre une ode à la douceur et à la délicatesse. 

Dans une « Intro » courte et aspirante, André Bratten nous fait de suite entrer dans son univers à la poésie douce. On est comme apaisé par cette musique fluide et continue. Dans une douceur extrême, il nous propose de la même façon un « Ballroom » à l’électro simple et changeante. Jouant avec le prisme d’une luminosité toute aérienne, le norvégien dessine une composition légère. Cultivant une véritable puissance sous jacente, ce titre excelle dans l’art de nous maintenir en haleine dans un tout à la lenteur princière.

Artiste entier, c’est dans une ligne directrice absente que cet album puise sa matière et sa puissance. Ecrit au fil du temps, les morceaux s’assemblent progressivement pour un rendu exaltant. Mélangeant les interludes et les véritables titres, le norvégien adapte le lâcher prise à un album riche et bouleversant. Il y a toujours chez André Bratten cette approche très parcellaire et puissamment feutrée qui s’invite à vous par un ensemble de bonnes idées.  Il dessine ainsi une musique élégante à la sobriété nette. Dans un tout très cotonneux, il cultive un ensemble de son qu’il se plaît à faire progressivement évoluer dans une tempête molle et addictive « ndck ».

Dans une spontanéité très graphique, le norvégien n’a de cesse de nous emporter dans musique à la clarté rare. Dans un mélange aux rondeurs exquises , il produit une musique qui nous émeut de sa singularité et de son approche unique. « Muerte al revés » particulièrement nous touche par sa créativité et son harmonie qui nous embarque dans une musique à l’esthétique hors norme. Ronde et bouleversante cette composition apparaît comme la pierre angulaire de tout l’album.

On est comme happé par cette beauté sous jacente que convoque André Bratten notamment sur le très réussit « Picture ». Avec ce titre on ressent une vague aux harmonies folles qui recouvrent un background puissant et abrasif. Déstructurant ses morceaux tout en gardant une thématique toujours scintillante, le norvégien n’en finit pas de nous combler. On est hypnotisé par cette performance, par sa capacité à se réinventer, à s’oublier dans un univers à l’électro effilée. 

Tout chez André Bratten respire un talent phénoménal. Sans jamais s’exposer ou en faire des tonnes il tape juste et nous délivre une musique à l’électro splendide et réfléchie. En quelques secondes on est comme englouti par sa capacité à rendre une sobriété affolante. Les sonorités rondes nous enveloppent et l’on se love dans cette musique à la fois puissance et fragile. Douce et enveloppante, elle aiguise nos sens et nous transporte dans une bulle de plénitude. Puissant et esthétique , savant et harmonique, enveloppant et excitant, ce « Picture »  nous souffle de sa délicatesse.

Nos coups de  : MUERTE AL REVES, PICTURE

Note : 8.5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com