On ne présente plus Alain Chamfort, chanteur au parcours chaotique, connu autant pour ses succès « Manureva » que pour ses problèmes de maison de disque. Signé cette année sur Pias, il nous propose un nouvel opus à l’orchestration impressionnante. Libéré de ses vieux démons, le Français nous offre l’un des meilleurs album de sa longue carrière.

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Puisant sa source dans une variété française un peu old school sur le premier titre « Deux poignards bleus », on pourrait à première vue avoir l’impression que rien n’a changé. Pourtant que nenni! Dès le deuxième titre « Ensemble », le nouveau Chamfort crève l’écran. Sur des arrangements rappelant la période sixties, une superbe orchestration à la pop feutrée chère à Serge Gainsbourg, le Français multiplie les bonnes idées électro.

Dynamisant ses compositions au travers de sonorités synthétiques, il donne au tout une fraîcheur bienvenue. On écoute ainsi avec plaisir ses digressions et l’on se laisse bien volontiers envoûter par sa voix douce et ronde sur une orchestration sans faute. Alain Chamfort réussit la gageure de rendre ses chansons dans l’air du temps sans avoir l’air de copier un style à l’image du très beau « Joy ». L’artiste se glisse à merveille dans ces titres aux sonorités modernes et y apporte son expérience, cette sorte de sagesse, de recul sur sa prestation qui rend le tout très sympathique.

Sans jamais se démonter, il propose une sorte d’amusement dans un écrin à l’electro parfois flashy. Jouant avec beaucoup de sincérité dans une atmosphère ludique sur « Puis-je vous offrir », il déroule cette classe que nous lui connaissons avec une véritable nonchalance. Audacieux, il nous propose une relecture de son style à la lumière actuelle.

Se rapprochant peu à peu de la nouvelle scène française, il puise son inspiration dans la variété en général. Au travers de mélodies superbement construites, il nous sert sur « Argentine » une composition digne d’un Souchon. Alain nous plonge dans une musique simple aux profondeurs impressionnantes dans lesquelles on se laisse bercer. De la même façon, on pense à Benabar sur « On meurt » voire à Delerm ou Benjamin Biolay sur « Ou es-tu » dans lequel il donne la réplique à la splendide Charlotte Rampling pour un titre mémorable, climax de cet album.

Ce nouvel album éponyme nous permet de redécouvrir un Alain Chamfort apaisé et cohérent qui laisse transparaître une véritable musicalité que l’on avait presque perdue l’habitude d’entendre dans sa musique. Le résultat est au dessus des espérances, et l’on se plait à écouter tranquillement ces titres doux et simples aux mélodies très prenantes. Loin d’être ringard, Alain Chamfort se plie avec beaucoup de plaisir à l’exercice et nous propose certainement un de ses plus beaux album.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com