Connu comme leader de Luke, c’est en solo que Thomas Boulard nous revient en ce début d’année avec un premier album intitulé « Shoot ». Naviguant entre rock affiné et électro discrète , le français nous propose un voyage dans un univers noir et fataliste aux arrangements poussés et travaillés.

Acheter l’album sur Amazon
Télécharger l’album sur iTunes

Longtemps comparé à Bertrand Cantat au travers de sa précédente formation, Thomas Boulard réussit cette fois-ci à s’en affranchir et ce dès le premier titre. Très proche d’un Saez dans la diction, Thomas B. nous délivre un titre travaillé, certes un peu commun dans l’approche mais à l’arrangement ciselé et magnifiquement amené. Guitares inversées, arpèges finement joués, « Tout se mélange » multiplie les trouvailles qui ajoutées à la voix du français finissent par nous emporter.

Fouillée, creusée la musique de Thomas semble s’affiner avec ce premier album solo. Travaillant des mélodies simples et efficaces dans une approche pop rock plus classique sur un titre comme « Candide » ou multipliant les arrangements entre pop et électro minimaliste dans une économie sonore qui fait un bien fou, Thomas réussit à nous servir un album très homogène dans un univers qui lui est propre.

Niveau paroles et textes, le français ne cache pas son désarroi et son côté noir proposant des titres entre oppression et mal-être s’interrogeant sur notre place dans la société. Parfois un peu brutal, l’univers du français ne laisse que peu de place à l’espoir. On ne doit pas rire tout les jour chez les Boulard.

Pourtant cette rudesse n’entame en rien l’énergie de chaque composition, se permettant même sur un titre comme « On ferme » d’apporter un rythme plus soutenu presque dansant. À la frontière entre rock engagé et pop, Thomas nous livre des morceaux d’une rare justesse, équilibrés sans être commerciaux.

Montant progressivement, le français semble de plus en plus à l’aise au fur et à mesure des titres pour atteindre une sorte de climax sur « Château de sable » véritable tube de cet album. Mêlant électronique et rock au travers d’une rythmique cavalcade et des sonorités électriques, il réalise un titre tendu, intelligent en terme de structure et à la mélodie tournante sublimant un univers noir et puissant qui vite nous submerge.

Dense, sobre, puissant et tendu, ce premier album solo de Thomas B est une réelle bonne surprise. Oublié le côté rock pataud et gras de Luke, le français nous ouvre les portes de son univers fataliste et noir sans en faire des tonnes. Beaucoup plus fouillé en terme d’arrangement, touchant et intelligemment structuré, on tombe vite sous le charme.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com