/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 05-11-13

Florent Pagny – « Vieillir avec toi »

Comme tous les ans, les mois de novembre et décembre sont synonymes de grosses sorties de variété française, avec les sapins des ménagères en ligne de mire. Florent Pagny n’est jamais le dernier quand il s’agit de faire un bon coup commercial, et le voilà qui débarque avec « Vieillir avec toi ». Pour l’épauler, c’est Calogero qui s’y colle, et cette alliance bienvenue évite à Florent « Dundee » Pagny de se fourvoyer une nouvelle fois dans la variété insipide dont il a le secret. Au menu, pas mal de bonnes idées soufflées par un Calo très présent, mais qui ne parvient pas toujours à gommer totalement les menus défauts de notre D’Artagnan national.

Après « Châtelet Les Halles », les deux compère remettent donc le couvert avec 10 titres très formatés, mais qui évitent la plupart du temps les pièges classiques de la variété. Ainsi les arrangements d’orchestre sont très présents, mais sont finement arrangés et souvent ciselés pour ne pas trop vampiriser les morceaux. Les cordes de « Combien de gens » sont superbes et n’écrasent en rien l’aspect acoustique du titre, sorte de croisement entre « Le vent nous portera » et « Ma liberté de penser ».

Florent Pagny n’en fait pas trop et c’est bien. « Le soldat » utilise pleinement les ressources orchestrales sans trop charger le joli 3 temps composé par Calogero. L’ex-leader des Charts est décidément omniprésent sur « Vieillir avec toi », et on a très souvent l’impression d’entendre des chansons complète de Calogero, où le sympathique Florent Pagny fait figure de simple interprète. Le folk de « On sera là », sans laisser un souvenir impérissable, est très agréable. Ambiance feu de camp, harmonica et Calo dans les choeurs : on se croirait sur l’album « Circus » et on est très loin des envolées lyriques lourdingues du pseudo-baryton Pagny.

Pourtant l’indéboulonnable jury de « The Voice » n’évite pas les quelques écarts un peu pataud. Sur « Parle », Calogero se fait moins inspiré et on tombe dans de la chanson assez banale et vite oubliée. « Après nous » attire l’oreille par son côté 70’s façon Michel Delpech (encore une fois, Circus n’est pas loin), mais le refrain peine à nous emballer et c’est le kitsch qui l’emporte…

La palme revient au trop larmoyant « Quand on est seul en décembre ». Un titre très quelconque digne du grand Jean-Michel Cafard de Kad Merad. L’enchaînement final avec la sempiternelle ballade voix/piano/cordes « Souviens-toi » laisse un peu circonspect et pourrait se situer sur un album de Garou ou de Céline Dion, qu’on ne verrait pas la différence.

C’est d’autant plus dommage que le reste de l’album comporte son lot de bonnes surprises à l’image de « Les murs porteurs ». Un beau titre d’ouverture mélancolique et au tempo lent qui lorgne vers Daniel Balavoine. C’est un brin prévisible mais redoutablement efficace. « Condoléances » monte doucement en puissance et Pagny déclame de belle manière son mea culpa à la manière du « Je suis un homme » de Polnareff. Pour une fois, Pagny limite les démonstrations vocales au profit de mélodies souvent bien tournées.

Ce nouvel album réussi un coup double : nous épargner les trop prévisibles chansons à voix de Florent Pagny en les remplaçant par de bons titres signés Calogero, dont la plume musicale, quoi qu’on en dise, à fait ses preuves. Et dans un deuxième temps, on a donc le droit à un album de Calogero sans subir sa douce voix adolescente. C’est donc tout benef pour nos oreilles qui ressortent satisfaites de ce « Veillir avec toi ».

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com


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