Les anglais de Tunng sont de retour avec «Turbines», un cinquième album qui justifie une nouvelle fois l’étiquette electro-folk qu’on leur a collée. Simon & Gartfunkel des années 2000, ils nous livrent de belles ballades folk ornées d’arrangements élégants à base de blip blip synthétiques et de rythmiques très travaillées.

En premier lieu, ce qui frappe chez Tunng, c’est la connivence vocale entre Becky Jacobs et Mike Lindsay. Que ce soit sous forme de duo («By this») ou en harmonies comme sur le titre d’ouverture «Once», les compères savent s’y prendre pour tailler de belles mélodies baignant dans une atmosphère éthérée et relaxante. Aussi bien «Bloodlines» que «Follow follow», ils nous livrent de la folk relativement classique d’un point de vu mélodique, mais rehaussée d’arrangements électroniques qui redonnent un peu de piquant à tout cela.

«Once» est d’ailleurs représentatif du style développé par le groupe : un simple arpège de guitare, quelques accords de piano posés, une belle mélodie. Puis arrive la «Tunng’s touch» : ces rythmiques electro-acoustiques plus ou moins bancales faites d’un mélange de percussions et de boucles électroniques. Rien de très destabilisant, mais Tunng parvient toujours à trouver l’effet spécial qui détonne, qui fait que chaque ballade à son charme propre.

Certains titres comme «Bloodlines» restent cependant très classiques, et c’est surtout quand le groupe va plus loin dans l’expérimentation électro-folk que les choses deviennent intéressantes. L’excellent «Trip Trap» s’ouvre avec un arpège lumineux pour céder la place aux fameuses rythmiques déstructurées. On se laisse surprendre et le groupe bascule d’une ambiance à l’autre au sein d’un même morceau sans que cela soit artificiel ou téléphoné.

Même constat sur «By this» : une belle montée en puissance plus inquiétante qui rappelle le travail de Mogwaï sur la bande-son des revenants, de la folk teintée d’électro minimaliste bien ficelée. C’est d’ailleurs quand ils sortent un peu des mélodies positives que Tunng retient le plus l’attention. Certes le joyeux single «The Village» est très sympathique, mais des titres comme «So far from here» ou «Heavy rock warning», sans doute un peu moins accrocheurs au premier abord, méritent vraiment qu’on s’y attarde.

Ce «Turbines» regorge donc de bonnes mélodies folk et d’arrangements électro subtiles qui se découvrent au fur et à mesure des écoutes. Facile d’accès, mais d’une richesse étonnante, les Tunng ont une nouvelle fois «fait le job» de belle manière. Un bel album.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com