Artiste protéiforme et engagé, DAAN sort son nouvel album « Le Franc Belge ». De sa voix grave et trainant, il imprime son style si particulier au service d’une chanson française et anglo-saxonne orchestrale et rock à la fois. Rocailleux et tendre, le belge nous sert un album pénétrant et massif.

C’est par le pétillant mais rude « Mes Etats-Unis » que s’ouvre ce premier LP de l’ex-Dead Man Ray. Véritablement solennel, voire un peu pompeux, on se prend rapidemement aux mélodies de DAAN rapellant à la fois le côté classe d’Alain Bashung et la rugosité d’un Arno. Mélangeant parties classiques et pop rock , le flamand met en place un univers propre et reconnaissable. Enchaînant les ruptures pour mieux nous surprendre DAAN réussit à nous tenir en haleine tout au long du titre.

Car dès le début de cet album on ressent de suite la puissance du personnage, sombre, rude mais en même temps fin et mélodique à souhait, DAAN surprend par son agilité et sa façon d’aborder la musique. Très à la pointe en terme d’arrangements, on a cette impression d’entrer dans une BO de film tellement chaque titre porte en lui un univers cohérent et puissant.

Et en effet, à l’image du titre « The Gates », le belge se gargarise pour notre plus grand plaisir de ce gigantisme porté par un talent d’arrangeur hors pair nécessitant une véritable orchestration rendant le tout très (trop?) riche en terme musical mais toujours extrémement juste et addictif. Semblant être le chainon manquant entre un Woodkid orchestral et un ABBA festif, DAAN nous propose une musique orchestrale du plus bel effet.

Toujours très noir dans ses compostions comme « La crise » où sur une base presque industrielle, le belge déclame un texte rugueux et sans échappatoire, DAAN réussit aussi à nous entrainer dans des ambiances beaucoup plus légère au travers de « Everglades » faisant ressortir un réel talent de compoisteur pop proche de la perle musicale. C’est un véritable groove qui s’échappe de ces mélodies riches et complexes sans être pour autant écrasantes.

Naviguant entre rudesse et finesse, le Belge se construit un univers musical atypique et attachant. Certaines fois avec force et fracas sur des titres comme « La vraie Décadence » et « Lust or Love », ou plus en finesse sur « The Kid » ou « Parfaits Mensonges« , DAAN propose sa vision d’un rock éclectique mais toujours d’une justesse impressionnante.

Véritablement polyvalent, DAAN n’est pas l’homme d’un style mais porte en lui une vision atypique d’une musique internationale et de grande qualité. Tour à tour crooner, rocker ou simple chanteur, le flamand nous propose le spectre étendu de son talent dans un album cohérent, atypique et diablement efficace.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com