Pratiquant une pop électro minimaliste et nostalgique, L. Pierre, de son vrai nom Aidan Moffat, nous revient pour un 4ème album confirmant son statut d’artiste inclassable et touche à tout. À travers 11 ambiances, L. Pierre nous ouvre les portes de son univers.

Pour un tel artiste, on ne peut décemment parler de titres ou de morceaux mais plus d’ambiance ou de thèmes. La musique d’Aidan est plus de l’ordre du ressenti que de l’écoute.

Dès « Kab 1340 » on découvre un paysage sonore peuplé d’un sound design étudié rappelant les dock et le port de marine marchande. Mélangeant cordes et son plus bruts, L. Pierre s’amuse avec les sons n’hésitant pas à mêler plusieurs ambiances et comme dans un accélérateur de particules, il les fait se rencontrer à haute vitesse et en ressort un magma très malléable pour le plus grand bien de nos oreilles.

La musique du sieur Moffat peut paraître au premier abord excessivement nostalgique mais on sent vite que quelque chose déraille. Ainsi sur « Harmonic Avenger », le superbe piano d’intro est vite rattrapé par un malaise ambiant accentué par le son vaporeux et inquiétant d’un accordéon désaccordé. La bande son imaginaire de l’artiste nous ouvre les portes d’un univers foutraque ressemblant à s’y méprendre aux ambiances des films de Jeunet et Caro.

Mais c’est essentiellement via le prisme de l’enfance et de ses peurs que l’artiste trouve son inspiration. En témoigne « Sad laugh » ou « Now listen », sorte de boîte à musique déglinguée qui au fur et à mesure se transforme en machine malsaine et terrifiante.

Expérimentant beaucoup, on est quelquefois largués notamment sur « Drums » où le solo de batterie bien que très travaillé au niveau du son n’apporte clairement rien de bien intéressant et écoutable ou sur « Dumbum » sorte de babillement d’enfant plus proche de l’art comptemporain que de la musique…

Véritable orfevre du son, L. Pierre continue à expérimenter son univers à travers ces 11 themes qui pourront pourtant vite sembler longs et ennuyeux. Album pouvant sembler très pointu, « The Island Come True » ravira les fans au risque de paraître peu abordable aux communs des mortels que nous sommes.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com