Gaspard LaNuit alias Marc Chonier à la vie civile, nous délivre ce mois-ci « La Trêve », son quatrième opus mélant chanson française et rock.

Délaissant pour la seconde fois sa formation initiale contrebasse+piano+voix, ces 11 nouvelles compositions font la part belle à la noirceure et à la rugosité. Dès le premier titre « Le fossé », un peu vaporeux au premier abord, on retrouve un son très produit mais résolument rock. Oublié le côté un peu jazz et variétoche qu’il était encore possible de déceler dans son précédent opus.

Suivent les titres « De ce pas » et « Ce soir« , mélange de country rock qui rappelle beaucoup un titre comme « L’Exil » de Sam Decoster avec ses  guitares slides saturées et une voix proche du rockabily. Car oui, Gaspard LaNuit sait nuancer son rock. Ainsi, « Les territoires inconnus », tout en retenu, transpire la rugosité à chaque note . Quand vous ajoutez à cela une voix très proche de Dominique A vous obtenez comme sur « Je ne suis plus » un bijou mélodique peuplé de guitares éparses.

Gaspard ne cherche pas la facilité ou la difficulté, il cherche avant tout à se faire plaisir et cela s’entend. Lorsque la composition le nécessite, il est capable de pousser loin son engagement rock comme sur « La mue » où le son abrasif qui vous fait dresser les cheveux sur la tête et taper du pied n’a d’égal que la brutalité de la batterie rappelant « Simulations » d’un Bertignac éclairé.

Le soucis du détail combiné à la mise en place de structures alambiquées rend cette « trêve » passionnante à bien des égards et entêtante comme le titre « Ce soir » dont le refrain court et impactant nous reste en tête bien après son écoute.

La pop fait tout de même partie de l’univers du bonhomme et il nous le montre avec le tube « Les heures mécaniques », très dionysien dans le son, et pour lequel il nous prouve sa maîtrise de l’utilisation de l’électronique sans pour autant faire de concessions sur le pouvoir rock du morceau.

Malgré quelques titres anecdotiques « Des apaches » et « The Hit Man », cet album se termine par « Un roi » addictif et tout en retenu semblant être une fusion d’un M à la mélodie et d’une Mademoiselle K à l’arrangement. Une voix fragile dans un univers noir, sombre et brutal.

Vous l’aurez compris cet album nous réveille un rock français un peu moribond. A l’heure actuelle où certains artiste préfère plairent plutôt que de se faire plaisir cet album leur prouve qu’il est possible de concilier les deux. Sur un créneau un peu sous représenté en France (chanson Rock Française) Gaspard s’en tire avec les honneurs et on en redemande!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com