Groupe à géométrie variable, Thomas Howard Mémorial ne s’inscrit dans aucune mode. Dans la droite ligne de leurs précédents opus et EP, ils nous reviennent en quatuor sur un album entièrement enregistrer sur leur terre bretonne de Kerwax. Le résultat est au dessus des attentes. Puisant dans une musique latente et épaisse, les quatre bretons nous servent un « Bonaventura » magistral et singulier.

Entrés en studio sans composition, c’est au cours de l’enregistrement que l’album a émergé sous le coup d’une urgence salvatrice. Mélangeant avec intelligence expérimentation et pop, ils ouvrent sur « Tunnel » la voie à un univers où les ambiances froides et inquiétantes nous font frissonner. Avec un sens de la mise en musique, les bretons nous font de suite plonger dans une sorte de grand bain industriel qui nous englouti et nous met sur le rails de cet album harmonieux. 

A leur manière les bretons ne cessent de créer une musique épaisse aux lignes déliées. Trempant leur mélodies dans une pop sombre et feutrée, ils nous transportent dans des compositions prenant leur temps pour rendu à la brillance rare. Travaillant une sobriété fine et nuancée, la musique de Thomas Howard Mémorial possède une sorte de mélancolie infinie. Lentement on se sent envahir par un sentiment de plénitude dans cette musique qui progressivement finit par nous envelopper par ses harmonies dantesques et son instrumentation sur un fil. Captant une sorte de temps suspendu, les français dessinent une pop vaporeuse et terre à terre qui se complexifie au fil du temps pour un rendu des plus addictif « Let It Glow ».

Le son est indescriptible de justesse dans ses grave aussi bien que dans ses aiguës. Plein d’une matière qui ne cesse de se réinventer, les bretons nous font rentrer en transe dans des titres comme « John » ou le très Pink Floyd « The New Told Lies ».  Ménageant un background pop sur lequel ils disposent une musique aux inventions puissantes, Thomas Howard Memorial ne fait pas dans le tout venant et travaille sans cesse une musique impactante. Jouant sur l’hyper saturation de la voix du leader « Revolution », les français touchent du doigt une sorte d’esthétique pop qui fonctionne à merveille. On pense de suite à Eels dont la musique aurait subit un lifting electro. Mélangeant guitares western, electro brute et pop carrée, les français proposent une musique unique qui ne cesse de se réinventer dans un tout diablement addictif. Travaillant une harmonie saine qui n’en finit pas de nous bouleverser, le groupe transforme chaque sonorité en une idée implacable rapidement percutante.

L’électronique est affaire de pop chez Thomas Howard Mémorial. Dessinant des mélodies mélancoliques dans un écrin à la pop enveloppante « The Way », les bretons nous ravissent de leur approche unique qui les voit mélanger morceaux à la pop assumée et expérimentation sonore. On se laisse prendre au jeu de ces jeux d’ombre et de lumière qui ne cessent de se réinventer dans des compositions à la sobriété frissonnante. Trouvant leur voie dans une pop lumineuse aux accent tristes, les français suivent en cela un groupe comme Girls in Hawaii. Multipliant les performances mélodiques, les bretons n’en finissent pas de nous faire frissonner par la qualité de leur création et de leur son.

Comment ne pas être désarmer devant de telles compositions qui à chaque fois nous clouent sur place ? Travaillant avec sensibilité des instrumentations douces, Thomas Howard Memorial se joue des modes pour mieux imposer sa vision d’une décadente beauté. Tout en finesse, laissant le temps filer, la musique des français ne cesse d’interroger avec pertinence un monde toujours plus rapide qui ne nous donne pas satisfaction. Chez Thomas Howard Memorial la musique ne cesse de se prolonger lentement pour notre plus grand plaisir dans un concert d’harmonie qui n’en finit pas de nous faire vibrer. Passant de la pop contemplative à une électro expérimentale, les français parviennent à nous immerger dans un monde aux sonorités unique qui nous fait rapidement tourner la tête avec un sens du beau extrêmement pointu.

Arnaud Le Tillau
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