/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 09-09-15

The Fratellis – « Eyes Wide, Tongue Tied »

Deux ans après leur retour tonitruant, The Fratellis nous reviennent au travers d’un nouvel album intitulé « Eyes Wide, Tongue Tied ». Connus notamment pour le titre « FlatHead » utilisé en 2006 dans une pub Apple, les Écossais délaissent quelque peu leur garage rock pour une pop raffinée. Dynamique et très abordable, ce nouvel album apparaît largement comme leur meilleure production.

Ménageant leurs effets sur un premier titre « Me and the Devil » au rock grisant, The Fratellis se plaisent à émietter une musique à la pop superbement construite. Frais et revigorant, le titre parsème d’une pop inventive une composition qui au fur et à mesure apparaît fine et nuancée. On se laisse vite prendre au jeu de cette musique créative et parfois surprenante qui ne cesse de se transformer au fil des écoutes. Maîtrisant comme peu les ficelles d’une pop rock efficace, les Écossais nous emportent sur les pentes escarpées d’une musique colorée et diablement efficace.

Et ce n’est pas les titres suivants qui nous prouveront le contraire. Mélangeant country assumée et électro discrète sur un « Impostors » superbement orchestré ou splendides dans leur approche mélodique sur un « Desperate Guy » que n’aurait pas renié Queen, Jon et ses compères se posent en véritable orfèvres d’une pop simple et chaleureuse. Sans jamais être élitiste, leur musique réussit à capter l’attention dans des compostions de qualité.

Loin de faire une pop rock sans relief, The Fratellis prennent au contraire des risques en n’hésitant pas à construire leurs morceaux par petites touches toutes plus mélodiques les unes que les autres que l’on s’empresse d’avaler goulûment. C’est ainsi que l’on se fait happer dès les premières mesures du décapant « Baby don’t you lie me ». Réunissant avec un naturel impressionnant les bonnes idées pour une composition imparable, le titre démarre à 100 à l’heure et ne cesse dès lors de nous surprendre au travers de magnifiques mélodies et d’un pont digne de MGMT.

Que cela soit sur un « Thief » au surprenant goût de GhostBuster ou d’un détonnant « Dogtown », les Écossais se plaisent à faire s’entrechoquer les sonorités pour un rendu toujours impeccable. On se laisse porter par cette machine à tubes. Innovants, catchy à chaque titre, ils nous proposent des compositions toutes plus dynamiques les unes que les autres sans jamais se départir d’une véritable puissance créatrice.

À première vue banals, les titres de cet album se révèlent au fur et à mesure bien plus complexes qu’ils n’y paraissent et se colorisent des multiples bonnes idées qui les peuplent. Intercalant des ponts à tout va, The Fratellis nous surprennent à chaque mesure et l’on se prend au jeu de ce mélange inventif et festif qu’ils nous proposent. Véritable pont entre une variété pop un peu lisse et une expérimentation musicale élitiste, le groupe prouve avec grâce que la musique pop à encore de beaux jours devant elle et signe ici un des albums les plus inventifs de cette rentrée.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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