/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 11-02-14

Skip The Use – « Little Armageddon »

Deux ans après « Can Be Late » qui les a propulsé à juste titre sur le devant de la scène médiatique, Skip the Use remet le couvert avec « Little Armageddon ». Sans renier son credo punk/funk/rock bourré d’énergie, de riffs et de distorsions, le groupe semble avoir pris une direction alternative encore plus séduisante dans laquelle le niveau des compos est monté d’un cran et où le son s’est affiné.

Bien sûr le gros son est toujours là et l’énergie légendaire du groupe est fidèle au rendez-vous. « We are Bastards » et « 30 years » le prouvent indéniablement. Mais ce qui fait le charme de ce nouvel album, c’est sans aucun doute la manière de faire qui a nettement évolué, la production qui s’est complexifiée, et cela toujours à bon escient. STU jongle plus que jamais entre les genres musicaux, passant allègrement du reggae up-tempo sur le single « Nameless World », à un son carrément « lounge » sur la première partie de l’énorme « The Taste », voir même une ballade chantée en français (!!) avec « Etre heureux ».

A vouloir trop diversifier les arrangements, le risque de s’égarer était grand. Mais STU évite tous les écueils. Comme le dit si bien Thierry Marx, « Little Armageddon » sublime le style punk/funk/rock des nordistes en y apportant de subtiles arômes de pop, disco saupoudrés de chœurs impeccables et de subtilités électro bien tournées.

« The Taste » représente bien le palier franchi par le groupe. Le quintet pouvait se contenter d’un très bon titre « peace » dans lequel Mat Bastard se la joue Skye Edwards au masculin sur un refrain 80’s doucement funky, mais la seconde partie décroche totalement avec un break acoustique ultra-pop, pour finir en chorale d’enfants et déluge de grosses guitares. Le fantôme de « Ghost » n’est pas loin mais s’est densifié, et le rapprochement avec certaines compositions de Damon Albarn est évident : Gorillaz bien sûr, pour ces breaks avec effet radio et arpèges de guitare, mais aussi la pop/disco de Blur sur « Lust for you ».

Et Mat n’est jamais aussi bon que quand il prend sa voix délicieusement prétentieuse de chanteur britpop ayant mangé du lion. Autre point commun : cette faculté à pondre des mélodies qui restent en tête immédiatement. « Birds are born to fly » fera le bonheur des pubs pour opérateurs téléphoniques avec ces « lalala » entêtants et punchy. Car au final, la grande classe de Skip The Use, c’est tout simplement de savoir écrire de très bonnes chansons. « Second To None » dépourvu de son gros riff et joué à la guitare acoustique serait tout de même un excellent titre au refrain imparable. La cerise sur le gâteau de « Little Armageddon », c’est cette foule de détails et de subtilités qui enrichissent le son.

Certains y verront sûrement un album moins rock et moins brut que les précédents, mais on y gagne au change : plus de variété, plus de subtilité pour une production beaucoup plus léchée. Avec « Little Armageddon », Skip The Use franchit un cap et confirme son rang de leader du rock français.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com


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