Agé de 26 ans, Pomme nous revient plus mélancolique que jamais dans un nouvel opus intitulé « consolation ». Enregistré au Québec où elle partage maintenant la vie de Sofia Nolin, la jeune française nous propose un album qui nous émeut de sa lumière. Dans une suite de titres tous plus touchants les uns que les autres, elle remonte le fil de son histoire et rend hommage aux femmes qui ont comptées pour elle. Dans une pop au folk rond et enivrant, elle dessine un opus en forme de cocon où l’on se sent bien. 

C’est par une prise studio enregistrée à 22h51 que s’ouvre cet opus. Nous présentant de suite l’envers du décor, la jeune Pomme s’amuse à lier la réalité à la fiction. La voix de Pomme fait des miracles et ce dès « jardin ». Dans un premier titre tout en délicatesse, Pomme convoque ses souvenirs d’enfance avec une finesse folle. On est submergé par cette émotion qui transpire de toute cette première composition. Dans un hommage appuyée à ses (nos) souvenirs d’enfance, elle dessine un titre à la mélodie frissonnante qui nous entraine dans un tourbillon étourdissant de douceur. Mixant ses archives personnelles et une musique au feutré virevoltant, la jeune française touche du doigt une perfection qui nous happe de sa pertinence.

Adepte d’un son brut à la douceur équivoque, Pomme nous enivre de sonorités entre rudesse et luminosité « dans mes rêves ». Dans un titre en forme de déclaration d’amour, Pomme avec sa plume précise et poétique rend compte des méandres de son cheminement. Résumant en un vers sa relation avec sa mère « J’ai voulu te ressembler/Puis je t’ai détesté » , elle nous émeut par la beauté du propos et par cette instrumentation audacieuse qui donne au tout un souffle impressionnant. En hommage à sa maman, ce titre est le premier d’une longue série qui voit la jeune française chanter celles qui l’on construit. Ainsi sur « nelly » elle convoque le choc de la découverte des textes de Nelly Arcan et sur « B. » (seul titre en majuscule) c’est Barbara qui est mise en avant pour son rôle de guide dans la carrière de la jeune française. 

Dans une sobriété rugueuse, elle déroule une mélodie très chanson française qui prend progressivement une profondeur folle. Sur « la rivière » délicate et tendre, Pomme cultive un art musical brut proche de la chorale et dessine une composition au fort pouvoir graphique. Dans des compositions au background tortueux, elle porte en elle cette complexité humaine et nous gratifie de ses réflexions dans un album touchant.  La jeune française construit une musique qui nous happe de sa magie et de sa mélancolie folle. Elle réussit sur ce « consolation » à mixer la sophistication d’une chanson française et l’emphase tout en retenue d’une pop québécoise. Son union avec Sofia Nolin n’en est sans doute pas étranger. 

Dans un mélange délicieux à la pop fragile, Pomme nous couvre de sa bienveillance en forme de mélancolie cocon. On se laisse glisser dans ces compositions où la jeune française nous pulvérise en douceur dans une instrumentation qui met en avant son empathie. Pomme guérit ses blessure et les nôtres en même temps dans un album qui touche du doigt une universalité folle. Véritable pendant lumineux de son précédent opus, ce « consolation » dessine en creux les rives apaisées d’une femme à l’aise avec ses secrets et ses blessures. Pleine d’un amour qui alourdit chaque titre, ce nouvel album nous prend par la main dans un souffle salvateur. 

Nos coups de  : PUPPY, NELLY, SEPTEMBRE, JARDIN, B.

Note : 9.5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com