/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 13-11-17

Pierre Lapointe – « La science du coeur »

Pierre Lapointe, ce nom résonne comme une récompense pour qui aime la chanson française. Véritable star au Québec, commençant à faire son trou en France, le québécois nous revient avec un nouvel opus intitulé « La Science du cœur » qui une fois de plus nous propose une suite de compositions brillantes à la variété recherchée et diablement attachantes.

Pierre Lapointe - « La science du coeur » : La chroniqueC’est un souffle qui nous accueille dans une première composition à la froideur toute calculée. Pierre Lapointe nous revient flamboyant dans un texte rude et poétique dont il a seul le secret. Dessinant une musique mettant à l’honneur un texte désarmant de vérité, plein d’un mal-être, d’une tristesse, d’une intensité dramatique il appuie une musique aux violons tranchants qui fortissimo dessinent une mélodie à la tristesse insondable, cruelle et inexorable. Pierre Lapointe signe un « La science du cœur » fort posant de suite un décor sombre et fataliste.

De sa voix de crooner il habille merveilleusement bien chaque accord de ses compositions. Développant une atmosphère enveloppante aux violons puissants, il réussit à ne pas tomber dans le stéréotype de la chanson triste grâce à un tact mélodique rare et précieux qu’il cultive avec beaucoup de grâce. Pierre Lapointe réussit à faire revivre une variété française que l’on pensait enterrée et qui a connu son âge d’or avec Brel, Ferra ou Barbara. Le québécois construit de véritables pièces de choix possédant un texte travaillé ainsi qu’une instrumentation impressionnante.

A l’image de cette pochette à l’esthétique travaillée et froide, les morceaux de Pierre Lapointe possèdent cette double approche. Capable de rester dans son pré carré mais aussi d’innover, il réussit à intégrer sur « Mon prince Charmant » ou « Un cœur » une instrumentation osée qui met en lumière un texte travaillé. On retrouve ainsi la patte de Pierre Lapointe dans cette façon de composer une mélodie à la mélancolie insondable sur un texte faisant le procès de l’humain dans tout ce qu’il a d’exécrable sur « Qu’il est honteux d’être humain ».

Pierre Lapointe joue la grandiloquence avec une classe folle. Capable de dire les pires insanités sans être une seule fois vulgaire, le québécois possède cette approche des mots chère à Gainsbourg dont il réinvente les instrumentations pleines de basses et de violons fuyants. S’inspirant de la musique classique pour mieux surclasser cette variété XXL, il développe avec beaucoup d’acuité des thèmes excessivement touchant dans un écrin à la douceur de mise et à la rudesse réelle. Dans une variété à l’instrumentation froide et distante, le québécois dessine une musique à l’élégance  raffinée. La musique de Pierre Lapointe se déploie dans un écrin à la délicate cruauté.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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