Oete – « Armes & Paillettes » : La Chronique

« Je suis comme tout le monde. Je fais 1m72, j’ai les yeux bleus et je suis homosexuel. ». C’est par ces quelques mots que Oete se présente. Le décor est posé ne compter par sur lui pour être le porte étendard de quoi que se soit. Dans un premier album brillamment exécuté, le français nous happe de sa variété française teintée de new wave et de disco. Originaire de Picardie, il trace maintenant sa route à Paris. Adoubé par Clara Luciani, Julien Doré ou Feu! Chatterton, le français brûle les étapes et nous enivre dans un « Armes & Paillettes » époustouflant de création.

Dès le premier titre intitulé « Corps & Ego » , le français ouvre le bal avec une énergie débordante. Bâtissant ce premier titre sur une basse omniprésente, il couche sur écrit un mal être à l’esthétique fou « T’es pas bien dans la cage qui te sert de corps » qui nous entraine dans une pop à l’électro très présente. On se laisse entrainer dans cette musique au dansant mélancolique où la fête apparait triste et définitive. Pleine d’une émotion qui nous transperce ce premier titre nous happe de sa profondeur. Aussi lascif qu’anguleux sur le magnifique « Ami à Mort », Oete n’en finit plus d’afficher une radicalité musicale qui nous enivre.

Navigant sur une ligne de crête au rock haletant et à la pop dansante, Oete rayonne de son talent phénoménal « Défense ». Dans une prose brillante à l’écrin pop et tortueux, le français nous aspire d’une émotion qui nous transperce. Alternant chaud et froid dans certaines compositions, Oete nous rappelle la folie créatrice d’un Hubert Lenoir par sa capacité à rendre palpable des émotions destructrices. Plein d’une emphase contenue sur un « Merci d’avoir vécu » qui ne demande qu’à jaillir, le français cultive une mélancolie qui nous bouleverse.

Déchirant sur le très noir et profond HPV, Oete utilise sa voix pour mieux nous entrainer dans une fête triste et sincère qui n’en finit pas de nous bouleverser. Chez le français la tristesse se danse pour mieux oublier, pour mieux la combattre, pour mieux vivre finalement. Mais le point d’orgue apparait sans crier gard sur le sublime « Liberté Chérie ». Dans une simplicité déroutante, il construit un titre en forme de classique de la variété française. Magnifique et puissant, on est soufflé par tant de talent dans un titre de 2’10 . Sans en faire des tonnes, Oete tue le game et plit la concurrence dans ce simple titre qui nous tire des larme et convoque une sorte de Barbara des temps modernes.

Dans une pop complètement maîtrisée, la musique du français se joue des embuches pour mieux se faire jour dans des compositions à l’esthétique rare et au swing parfait. Convoquant tour à tour Clara Luciani pour l’approche dansante et Feu! Chatterton pour le côté théâtral, Oete se donne tout entier pour un album qui nous fait frissonner. On est comme hypnotiser par cette musique pleine d’une puissance qui n’en finit plus de nous happer. Cultivant une mélancolie qui nous bouleverse, le français peint ses compositions d’une électro synthétique tranchant avec la rondeur d’un background palpitant. Cette musique nous fait se sentir tout petit. Au travers d’un talent inouï pour mettre en musique des textes brillants, Oete trouve son chemin sans peine dans une pop à la noirceur brillante.