Batteur dans différentes formations punk rock , notamment The Babies, Justin Sullivan avait une vie de nomade passant de villes en villes pour des tournées marathon. C’est suite à une crise d’angoisse au Portugal, qu’il a pris conscience qu’il ne pouvait plus vivre ces changements perpétuels qui fatiguent le corps et l’âme. Retiré chez lui après cet incident c’est progressivement qu’il a retrouvé le goût de la musique via un premier album folk.  « Forever Night » est son deuxième opus sous le nom de Night Shop mettant en avant un folk au background rock et blues.

On entre dans ce premier album avec une facilité déconcertante. Dans un mélange sentant bon le blues et le rock, Justin Sullivan nous transporte dans son univers à la folk écorchée «  Forever Night ». Au travers d’un premier titre tout en vélocité, le californien dessine son univers entre folk et rock. On y retrouve une atmosphère où les saturations viennent accompagner une mélodie des plus chaleureuse. Night Shop vient composer une musique folk à l’ombre rock. Mariant les sonorités avec un sens fort de la construction, le californien nous envoie en pleine tronche un premier titre puissant à la rondeur écorchée qui fonctionne merveilleusement bien. 

Les guitares chez le californiens peuvent difficilement se penser claires. C’est donc une nouvelle fois entourés d’une guitare à la saturation rauque qu’il nous accueille sur « Let Me Let It Go » au rythme très country. Night Shop réussit en quelques titres à imposer un style unique et personnel qui le voit mêler avec beaucoup de finesse rock et folk pour un rendu à la fois dansante et mélancolique. Cultivant une sorte de puissance rock dans un background au folk riche, il ne fait pas dans l’amateurisme et transcende en vrai pro le style. On se laisse prendre au jeu de ce pseudo rockabilly possédant tous les codes du style mais se transformant progressivement en un folk à la richesse unique.

Beaucoup plus tranquille dans une sorte de slow country « Just To Get Home », Justin Sullivan s’installe pleinement en acteur d’une folk qu’il sait aussi interpréter dans ses codes les plus stéréotypés. Arpèges à la guitare claire (pour une fois) , écho en veux-tu en voilà, orgue Hammond vibrant tout est en place pour nous transporter dans l’Amérique profonde. On est de suite emporter dans le midwest avec ce titre cochant toutes les cases du country like. Pourtant on ne ressent pas une quelconque lassitude à l’écoute de ce morceau. En effet, tout est en place pour passer un bon moment. Il y a dans ce titre une force inimaginable, une harmonie propre à la très bonne country qui nous frappe de plein fouet et nous terrasse de sa capacité à nous entrainer dans une musique simple d’abord et populaire. 

Plus l’album avance et plus la musique se fait country folk là où elle avait commencée beaucoup plus rock folk. On est captivé par la puissance de la ligne folk que propose Justin Sullivan dans une musique qui ne cesse de nous interpeller sans renouveler les codes. A l’aise dans un style qui n’est pas au demeurant sa tasse de thé, il prouve avec talent sur ce side project sa capacité d’adaptation et sa capacité à dépasser les clivages de style. Dans une approche éminemment folk country, Justin Sullivan nous enveloppe de son univers à la folk dense qu’il dessine sans fioriture dans un album à l’homogénéité assez bluffante. 

Pour un punk, le folk est avant tout un concept de tranquillité qu’il a parfois du mal à concevoir. Pourtant c’est bien ce grand écart qu’il est en train de réaliser avec ce premier album intitulé Forever Night qui présente sous les termes folks un rock doux et rond aux saturations caressantes. Avec une certaine sérénité, le californien produit une musique qui ne souffre d’aucun tremblement. Réussissant à se faufiler dans une folk qu’il mixe avec son approche rock, ce side project Night Shop est avant tout la possibilité pour Justin Sullivan de présenter une nouvelle facette de sa personnalité et d’être enfin sur le devant de la scène.

Notre coup de  : MIDNIGHT

Note : 7.5/10

Arnaud Le Tillau
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