/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 11-03-23

Miossec – « Simplifier » : Notre Avis

Tout est parti d’une boîte à rythme, une Elka Drummer One de 1969 achetée sur internet. C’est à partir des rythmiques de cette BAR que Christophe Miossec a construit son dernier album intitulé « Simplifier ». Le terme n’est pas anodin. Avec une économie de moyen rappelant ses débuts sur « Boire », le français nous transporte sur 11 titres à la poésie directe et incisive. Dans une sorte de retour au source, le brestois nous propose un album aux instrumentations organiques et à l’humanité folle.

Qui aurait dit que Miossec un jour écouterait du rap pour mieux poser sa voix et sa diction. C’est pourtant ce rap écouté durant la tournée des 25 ans de « Boire » qui lui a permis de trouver cette diction qui n’appartient qu’à lui et qui donne à l’ensemble de l’album une véritable couleur. Décalé et brute sur « Tout est bleu » , le français dessine une musique qui nous immerge dans un univers à la brutalité poétique. 

Conteur expérimenté, le français implose de sa verve une poésie de l’instant qui vient percuter une époque à la brutalité vulgaire. Que ce soit sur « Je m’appelle Charles » ou le magnifique et touchant « Meilleur Jeune Espoir Masculin » , le français s’impose dans une instrumentation qui nous enivre de sa délicatesse teintée de vigueur. Synthétisant en quelques phrases la vie chaotique de Gérald Thomassin, héros malgré lui du très bon « l’inconnu de la poste » de Florence Aubenas, Miossec nous émeut avec peu. On est comme aspiré par ce fait divers chanté. Brutal et poétique, la musique et le texte se complètent parfaitement pour raconter cette vie d’errance « la vie est dingue quand on l’éclabousse ».

Dans une noirceur proche d’un Bashung, le français trace un nouveau sillon qui viendra compléter une légende déjà bien construite. Une fois de plus, il nous transperce de ses punchlines à la poésie qui nous fait frissonner « Tu veux pouvoir être aimer à jamais, mais pour de bon » sur « Le message ». On est soufflé par cette puissance de feu qu’il distille de sa voix rugueuse et fragile qui ne cesse de nous envouter. Dans une création qui fait la part belle aux instrumentations à la sobriété brutales, Christophe Miossec dessine un album dans lequel il insuffle une vie folle sans multiplier les effets sonores.

Dans une sobriété rappelant beaucoup ses début il y a 25 ans, Christophe Miossec trouve l’énergie pour nous emporter dans une musique organique mélangeant illustration sonore et effets électroniques tout en gardant une base à la rouille vivante. Court et efficace chaque titre apporte sa pierre à l’édifice d’un album en forme de retour au source. Travaillant une minéralité toujours très impressionnante, Miossec réussit à s’imposer sans jamais s’enflammer, seulement au travers d’une poésie universelle et populaire. 

Nos coups de ❤ : JE M’APPELLE CHARLES, MEILLEUR JEUNE ESPOIR MASCULIN, TOUT EST BLEU

Note : 9.5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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