Mika – « No Place in Heaven »
Avec une précision d’horloger, Mika nous propose un nouvel album coïncidant avec la fin de l’émission du télé crochet de TF1. Fans de The Voice passez votre chemin. En effet, « No Place in Heaven » signe le retour d’un Mika en perte de vitesse n’hésitant pas à proposer une pop percluse de clichés et vite fade. Classique et extrêmement romancé, ce nouvel album s’inscrit dans la droite ligne d’un télé crochet pompeux et sirupeux.
Pleinement dansant sur un premier titre à l’énergie débordante, Mika ouvre le bal au travers d’une musique légère et survitaminée. Un peu court, « Talk About You » joue sur une rythmique soutenue et une mélodie colorée à l’excès. Martelé, le titre du britannico-libanais apparaît vite agressif et un peu creux. Toujours très au point techniquement, il ne réussit pourtant pas à nous emporter.
Ce n’est pas non plus un « Good Guys » aux envolées lyriques écœurantes qui nous rassurera sur ses capacités. Simple et pétillant dans un premier temps, le titre apparaît vite vidé de toute créativité reprenant peu ou prou un ensemble d’idées piquées à droite à gauche sans grande conviction. A l’image de ces femmes trop maquillées, le titre apparaît vite pompeux et dégoulinant de bons sentiments.
C’est d’ailleurs le véritable problème de Mika. Cette propension à exagérer sans emphase des morceaux qui auraient très bien pu sonner sans ces fioritures un peu lourdes à digérer. Multipliant les arrangements violoneux et les parties calmes, Mika cumule les clichés et nous laisse quelque peu sur bord de la route. Composant une véritable pop de deuxième zone sur le banal « L’amour fait ce qu’il veut », Mika fait sans s’en rende compte du Philippe Katerine dans le texte et dans les arrangements. Mais là où le grand Philippe propose une caricature d’une pop industrialisée, Mika apparaît très sérieux et vite ennuyeux.
Se caricaturant dans un « Les baisers perdus » semblant tout droit sorti de la dernière scène de Mars Attacks!, Mika nous propose un titre lancinant et pauvre mélodiquement qui se meurt dans une composition sirupeuse à souhait. Perdant au fur et à mesure de l’album sa propre identité, Mika nous dévoile son côté fleur bleue qui plaira certainement au public nouvellement conquis grâce à sa participation dans The Voice.
Pourtant au travers d’éclairs de lucidité, le britannico-libanais nous propose au détour de certains titres une véritable maîtrise mélodique. Ainsi, à l’aise dans une pop beaucoup plus construite sur « All She Wants » ou un « Last party » au background piano très accrocheur, il réussit parfois à sortir de l’ornière.
Mika nous fournit, au travers de cet album, une musique au mètre qui comblera aisément une approche marketing d’une entreprise du Cac40 mais ne restera sûrement pas dans les annales de la musique. Loin de ses créations du début, il se perd dans une musique standardisée percluse de clichés qui fait son petit effet à la première écoute mais devient vite vide et sans fond. Mécanique et industrialisée, sa pop sent fort le réchauffé.
Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com
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