Ancienne professeur dans un lycée de Birmingham ce n’est que l’année dernière que Laura Mvula commence à écrire des chansons. En résulte « Sing to the moon » un impressionnant album aux frontières de la soul et de la pop orchestrale.

C’est au travers de voix en harmonies et noyées dans la reverb que débute ce premier opus de Laura Mvula. Enchaînant parties dépouillées très connotées ballade soul américaine et refrain beaucoup plus riche aux vocalises impressionnantes et à l’arrangement orchestral, la belle nous ouvre sur « Like the morning Dew » son univers soul atypique.

En effet, on ressent de suite chez l’anglaise une véritable volonté de tracer sa propre route au travers d’un son propre et identitaire. Réussissant à plusieurs reprises à mêler compositions classiques à des rythmes plus R’n’B, « Make me lovely » Laura éblouit de son audace.

Surprenante voire déstabilisante la musique de l’anglaise ne semble rentrer dans aucun des cases musicales existantes à l’heure actuelle. Difficile de trouver une référence pour les compositions de la belle, en effet, ces titres marient tant d’influences que l’on semble à l’orée d’un nouveau style. Ainsi sur « Green Garden » où sur un style purement soul et groovy rappelant brièvement Charlie Winston, l’anglaise s’amuse à faire intervenir l’électronique et rendre chaleureuse les machines via l’utilisation de vocodeurs. De la même façon sur « She » impressionnante de facilité, elle marie avec une aisance déconcertante le groove gospel et la rigueur électronique.

Mais c’est dans le mélange musique classique et structure soul que la belle excelle. Au travers de « Is There Anybody Out Here » et « I Don’t know what´s the weather Will be » travaillant énormément sur les voix et les harmonies, Laura insuffle à sa soul un parfum d’années 50, lorsque les crooners utilisaient encore des orchestres entiers pour s’accompagner. Il y a ce côté rétro marié à un contexte actuel qui via sa voix semble renaître et définir un nouveau cadre musical.

Malgré quelques titres beaucoup plus sirupeux et proches d’un R’n’b actuel et sans âme sur « Can’t live with the world », Laura prouve sa polyvalence et son talent sur des titres comme « That´s Alright » où elle retrouve une énergie communicative ou sur « Sing to the moon » titre éponyme de l’album dans lequel, alternant parties calme et plus épiques, elle semble lier la soul sur un arrangement dépouillé à une pop rétro sur fond d’orchestre proche d’un opéra fou.

Véritable découverte de cette année aux Etats-unis et en Angleterre, Laura Mvula apporte un vent de fraîcheur aux productions soul et r’n’b actuelle en proposant une nouvelle vision, un nouveau mélange qui j’en suis sûr fera de nombreux adeptes.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com