Agitateur de la chanson française depuis quelques années maintenant, Florent Marchet nous revient en ce début d’année avec un album concept au nom improbable de « Bambi Galaxy ». Que l’on ne s’y trompe pas, le français continue son exploration d’une variété française moribonde mêlant concept futuriste et thématique science-fiction dans un tout hautement cohérent et aux arrangements millimétrés.

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Démarrant sur le très rock spatial « Alpha Centauri » dérivant au fur et à mesure vers un son très « Air », rond et grave peuplé de basses clinquantes et de cordes frappées, le français nous emporte à la vitesse de la lumière dans son univers de roman d’anticipation catastrophe noir et tendu.

En effet, « Bambi Galaxy » nous narre l’histoire d’un homme en décalage avec son époque dans un futur proche apocalyptique. Passant par des phases de désespoir et de doute et finissant par se faire une raison en quittant cette terre aux conditions de vie inadaptées, la trame rappelle beaucoup les romans de science-fiction notamment ceux de Pierre Bordage avec lequel il partage cette foi en l’humanité qui transparaît énormément au travers de cet album.

Anxiogène, prenant à la gorge, l’univers que nous propose le Berruyers inspire peur et attraction, à l’image de ces cabinets de curiosité du 19ème siècle où se pressaient la bonne société afin de se faire peur au travers de la vision de monstres humains sans défense. Mixant habilement une variété française classique mais de très bonne qualité avec des sonorités électro kitsch, le français réussit à nous surprendre via un contraste entre mélodies à la variété assumé et électro naviguant entre sons poussiéreux et travaillés.

Côté variété on pense au duo Souchon/Voulzy (excusez du peu!) sur « Que font les anges » ou « 647 » notamment au travers de ces mélodies douces et impactantes. Proposant une variété lourde et oppressante sans en faire des tonnes ni en se perdant dans des concepts musicaux à la marge, « Bambi Galaxy » est une suite de titres qui sous fond d’électro rude nous servent une élégante variété aux arrangements fins et travaillés à l’image de ce « Où étais tu ? » gris et lourd, à la fois sans issue et bizarrement addictif ou « Heliopolis » à l’electro volontairement désuète doublé d’une interprétation rappelant les folies de Philippe Katerine.

Très marqué par la vision que les années 80 avaient des années 2000, Florent Marchet nous retranscrit dans cet album sa déception rétrospective. Au travers d’une vision très sciences et vie junior d’un futur imminent improbable, il semble dévoiler sa peur d’un futur pas si lointain. Rappelant parfois l’atmosphère d’un titre comme « Plus rien » des Cowboys Fringants, le français intègre sa variété française dans un écrin pop électro très anglo-saxonne se permettant de terminer par l’extraordinaire « Apollo 21 » et le non moins réussit « Ma particule Élémentaire » donnant au concept toute son essence.

Impressionnant de maîtrise, Florent Marchet réussit une fois de plus à se renouveler au travers de ce « Bambi Galaxy » au concept original, vite addictif et à la sensibilité anglo-saxonne qu’il affectionne (rappelez-vous son disque de Noël très américain dans l’approche). Mêlant sons électro vintage et variété de très bonne qualité, on est de suite emballé par ce mix si réussit. Il agite et donne espoir en la variété française en prouvant avec cet album qu’il est encore possible d’innover avec classe et audace dans ce style si complexe et si clivant.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com