Composé de 5 amis d’enfance, Feu! Chatterton nous présente en ce début de septembre leur premier EP. Entre solennité d’une chanson française de qualité et le lyrisme dandy de textes extrêmement bien construits, les Français nous font tourner la tête. 4 titres suffisent pour nous dépeindre leur univers bercé d’un romantisme littéraire.

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Voix solennelle à la diction rappelant un Bashung période Bleu Pétrole, Feu! Chatterton impressionne de suite par sa maturité sur le très remarqué et remarquable « Côté Concorde ». Abordant avec un sens poétique hors du commun le destin tragique du Costa Concordia, les Français nous servent un titre à la tension sous jacente et aux textes éclatants. Faisant voler progressivement en éclat une introduction feutrée, ils nous emportent dans un fatras rock donnant une bonne idée du reste de l’EP.

Manières héritées de la belle époque, vocabulaire d’avant guerre, titi parisien dans le style, Feu! Chatterton mêle ambiance année folle et électro florissante pour un rendu des plus addictif. En témoigne ce « La Malinche » single désigné de l’EP au beat électro puissant et porteur baigné d’un univers new wave. Travaillant beaucoup l’interprétation, n’hésitant pas à parler sur différents titres, le chanteur anime avec un talent singulier cette musique presque uchronique.

Impossible d’écouter cette musique à petite dose, c’est fort et les yeux fermés que l’on ressent pleinement la puissance de ces titres alignant les sans-faute. On pense à Gainsbourg, à Bashung à toutes ces voix au service de grands textes qui ont érigé un style atypique et reconnaissable entre tous. Il y a dans la voix d’Arthur ce magnétisme qui vite nous submerge. Superbement amené, Feu! Chatterton nous sert des caviars aux sons gourmands à l’image de ce superbe « À l’aube » solaire et violent.

Tel un bonbon acidulé fondant doucement en bouche, la musique de Feu! Chatterton nous emporte dans une acidité ludique dont on ne ressort pas indemne. Défendant corps et âme un swing à la française, Feu! Chatterton nous sert un EP magnifique qui sur 4 titres tisse les contours nets d’un univers où le rockabily et la new wave s’entrechoquent. Comment ne pas tomber sous le charme de ce groupe qui en un seule titre réussit à mêler la solennité d’un Badhung, la puissance d’un Bertrand Cantat et le visuel rockabily trash des Négresses Vertes. Une bonne grosse claque comme on aimerait en avoir plus souvent!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com