/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 17-02-21

DUO – « DUO »

Non content de cartonner avec The Kooks, Luke Pritchard se lie avec sa femme Ellie Rose pour un premier album sous le nom de DUO. Intégrant dans ce premier album éponyme l’intégralité de leur 2 derniers EPs, les anglais nous proposent une musique à la pop de dandy qui fonctionne extrêmement bien. Se complétant parfaitement, le couple nous entraine dans 11 compositions superbement ciselées qui donnent à la pop 70 un vrai coup de jeunesse.

Tube incandescent s’il en est, « Don’t Judge » ouvre avec flamboyance cet album. Ce premier titre donne de suite le tempo des suivants. Excessivement attractive, la musique des anglais nous emportent dans une pop jouissive et brulante. Dans une atmosphère pétillante, ils dessinent une pop audacieuse, fourmillant de bonnes idées pour un rendu qui n’en fini pas de nous surprendre. Travaillant sur des sonorités précises une rythmique très pointue, DUO s’offre le luxe de nous divertir dans un écrin à la qualité indéniable. On se laisse vite embarquer par cette musique dansante et réfléchie qui donne à voir un mélange de talent exploser. 

Loin d’être des novices en la matière, les 2 tourtereaux ont chacun une véritable carrière derrière eux. Cela se ressent parfaitement dans cette suite de titres tous plus précis les uns que les autres. Que ce soit dans le très  entrainant « Baby Blue » qui fait la part belle à une sorte de pop fantasque et légère ou dans un « Through the Night » dans laquelle les voix d’Ellis et de Luke se complètent parfaitement, DUO  n’en fini pas de nous impressionner de son niveau technique qui ne vient en aucune façon raboter cette puissance pop.  Travaillant avec rigueur une pop débridée, n’hésitant pas à se mettre en danger dans un choix de sonorité parfois discutable , le couple tire son épingle du jeu grâce à une science impressionnante de la mélodie pop et de l’instrumentation associée.

Assumant leur puissance pop sur un  « Lolita No » décoiffant, DUO nous impressionne de sa capacité d’adaptation et de la diversité de son spectre musical. Il y a un truc très Gainsbourrien derrière ces mélodies. On ressent de façon sous-jacente cette pop française extrêmement addictive des années 60 dès « La Di Dah » et cela va crescendo. DUO reprend les codes de cette pop en y intégrant un côté dandy très pop française des années 60. On est clairement scié de cette capacité à nous envoyer dans les dents une musique qui n’en finit pas de se réinventer à chaque composition pour un tout extrêmement cohérent. Fourmillant d’un talent hors norme, le mélange pop digne des Beatles que les anglais donnent à leurs productions nous explose aux oreilles avec une énergie folle.

Les titres se suivent et ne cesse de nous surprendre. Multipliant les mélanges avec un goût prononcé pour les découvertes, DUO prend des risques en les assumant pleinement « French House » . Le résultat est payant et donne à voir une pop enlevée aux harmonies travaillées. Dans un swing imparables, Luke et Ellis se rendent la pareil sur un titre qui n’en finit pas de surfer sur une atmosphère de dandy très 60’s. Avec une classe unique, ils construisent des titres rocambolesque et somptueux aux trouvailles orchestrales se fondant dans la masse avec ce je-ne-ne-sais-quoi de finesse excessive et lumineuse.

On est soufflé par la capacité de DUO de s’affranchir des codes pop actuels pour proposer une approche novatrice qui fait un bien fou. Expérimentant sans cesse, ne se donnant aucune limite le couple formé par Ellis et Luke dévale les pentes d’une pop extraordinairement claire et puissante. Sans jamais tomber dans une quelconque soupe commerciale, les anglais glissent avec ferveur sur un océan aux harmonies fines et diablement addictives. On est happé par ce psychédélisme sobre et intimiste qui se déploie dans chacune de leur composition. On se laisse entrainer par cette pop fantasque et légère qui dans ces temps troublés nous fait un bien fou.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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