2ème album pour les anglo-espagnols de Crystal Fighters, « Cave Rave » continue l’exploration par le sextet d’une musique électro teintée d’une pointe de rythme latin. Aérien et énergique les londoniens réussissent un album polymorphe.

Ce qui surprend à la première écoute du nouvel album de Crystal Fighters c’est le côté solaire et lumineux de leur musique. Sur « Wave », premier titre de l’opus, on découvre une musique à la fois cotonneuse et énergique. Baignée dans la reverb, la voix du leader semble émerger d’un océan de couches instrumentales toutes plus légères les unes que les autres. Aérienne et atmosphérique la pop des anglo-espagnols bien que très dense n’en demeure pas moins nuancée et fine.

Mais c’est à partir de « LA Calling » que l’on rentre complètement dans le son caractéristique des londonien. Démarrant sur un riff très africanisant à la guitare, le reste du titre semble être un mélange de rythmiques africaine et cubaine sur une pop très anglo-saxonne. On retrouve d’ailleurs sur les titres « Everywhere » et « No Man » ce mix très atypique. Il y a de ce fait dans la musique des londoniens une chaleur peu commune dans l’electro pop actuelle qui lorgne plus vers une froideur et une rigueur toute nordique.

Fantasques et bricoleurs musicaux de génie les londoniens font se confronter deux mondes pourtant réputés étanches. Il y a ce côté très îlien dans la musique du sextet qui n’hésite pas sur « You & I » à utiliser un ukulele comme amorce pour le morceau d’électro le plus réussit de l’album à mon sens. Ils réussissent à rendre humain un style réputé pour sa froideur et sa précision électronique.

Proche à certains moments d’une variété internationale très 90’s, rappelant dans le désordre REM ou Genesis, les anglais réussissent sur « Bridge of Bones » à nous emporter dans ce revival mais échouent malheureusement sur le très glucoseux et mièvre « Love Natural ».

Le reste de l’album oscille entre titre plus électro proche d’un boum boum camping assez peu nuancé « Separator » et morceaux plus acoustiques comme « These Night ».

Album assez hétérogène, « Cave Rave » installe le son atypique de Crystal Fighers. Mélange assez réussit de rythme latinos et d’électro assez finement structuré, les anglais nous délivrent un album sympathique et dansant mais qui, au vu du marché actuel et du volume de production, risque fort malheureusement de tomber aux oubliettes.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com