/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 18-03-21

Weezer – « OK Human »

On ne les attendait qu’au printemps et c’est en plein hiver que Weezer nous propose un nouvel album surprise. Intitulé « OK Human » ce 14ème album fait la part belle aux compositions consensuelles et un poil lourdes de bons sentiments. Dans un univers à la pop folk, les américains nous proposent une suite de titres un peu chargée qui semblent plus être là pour meubler l’attente de leur prochain album que pour proposer une nouvelle approche. Weezer enfonce des portes ouvertes avec la classe qui les caractérise sans réussir pleinement à nous convaincre.

Semblant revenir à leurs premiers amours dans un premier titre « All My Favorite Songs » plein d’un entrain grévé par une instrumentation à l’orchestration un peu lourde, les américains nous abreuvent d’une musique à la pop coulante et aux mélodies riches. Dans une pop bucolique qui nous fait du bien dans ces temps confinés, les américains remettent le couvert sans grande motivation dans un titre flirtant avec le Eels des débuts. Rappelant cette musique à la frontière entre l’âge adulte et l’enfance, Weezer dessine sur ce premier titre une pop à la Beatles aux contours lourds et graisseux.

Portant en eux cette power pop des années 90, les américains renouent avec les mélodies des débuts et nous servent une pop acidulée au sucre un peu trop présent. Enrobant leurs compositions dans un flot parfois un peu trop poussé de cordes mêlant violons et violoncelles, ils réussissent tout de même à nous embarquer dans une musique qui reste de très bonne facture. Utilisant de façon un peu facile les grosses ficelles de la pop commerciale, Weezer se perd sur un titre comme « Aloo Gobi » dans une pop moumoute très peu digeste.

On ressent ce trop plein de cordes dès « Grapes of Wrath » où le glucose semble avoir eu raison des américains qui n’en finissent pas de s’empêtrer dans une musique doucereuse à la grandiloquence flasque. Weezer use jusqu’à la corde son approche mélodique qui finit par nous porter sur le coeur. On se laisse gagner par l’ennui dans ce titre à la structure simpliste qui est une copie un peu pale des 2 premiers titres. Une molesse s’installe et progressivement prend le dessus de tout l’album. Que ce soit sur « Numbers » ou « Playing My Piano » , la bonne volonté de Weezer semble s’écraser sur le mur de la réalité commerciale. Dans ce dernier titre malgré quelques bonnes idées et une approche à la théâtralité très British, les américains ne nous touchent pas.

Jouant à fond l’approche très 70’s, Weezer réussit dans quelques éclairs de lucidité à nous attendrir sur un titre comme « Mirror Image » court et à la mélodie ultra nostalgique. Ecrites au piano pour la plupart, les titres semblent s’effondrer sur eux même. A chaque couche musicale les américains ajoutent une nouvelle approche et le tout apparait dans une lenteur à l’ancienne qui est vite irritable. On finit par se morfondre à l’écoute de cet album qui bien que techniquement au point nous apparait lourd et sans vie. On est tellement loin de « Buddy Holly » qu’on se prend à penser qu’il ne s’agit pas du même groupe.

Cultivant une douceur excessive dans une bande son sorte de bonne humeur perpétuelle, Weezer ne réussit pas à nous convaincre sur un album sentant bon la lessive fraîche pleine d’assouplissant. Malgré une volonté affichée de se renouveler, Weezer apparait sans grande motivation sur un album sonnant creux.  On sent bien que les américains font tout pour faire trembler les barreaux de la cage pourtant au fur et à mesure des titres, on tombe dans une sorte de lieux communs qui nous usent. Il y a une banalité dans ces titres qui souffrent d’un manque d’envie de la part d’un groupe à bout de souffle cherchant à chaque accord à se renouveler sans y parvenir. Dommage.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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