Connu pour sa discographie de très grande qualité, Chapelier Fou dessine depuis quelques années l’électro de demain, de celle qui restera à la fois avant gardiste et adaptée au public actuel. Une fois n’est pas coutume c’est dans le cadre d’une œuvre plus importante que cet album trouve sa genèse. En 2014, le Lab212 fait appel à lui pour un projet d’installation d’art numérique intitulé « Les métamorphoses de Kalia ». Cet album en est donc la variation musicale.

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Suivant un cahier des charges spécifique à l’œuvre d’art globale, Chapelier Fou nous sert une dizaine de morceaux excessivement addictifs. Démarrant sur un « Bulbs » extrêmement nuancé, le Français dessine une électro très grand public sans jamais tomber dans une approche démonstrative ou aguicheuse. Les parties s’imbriquent les unes dans les autres avec un sens aigu de la composition en réussissant à nous divertir d’une dentelle électro surprenante.

En effet, loin de se cantonner à une approche synthétique, Chapelier Fou mélange à l’envie les sonorités acoustiques et les sonorités plus électroniques. À l’image du très Gonzales « Books » à l’hypnotisante mélopée, Louis Warynski de son vrai nom se plait à multiplier les sonorités cotonneuses comme autant de cailloux sur le chemin d’une électro didactique. Musique feutrée à la construction fine et délicate, on est rapidement immergé dans cet univers simple et percutant.

Véritable laboratoire d’une électro en pleine mutation, Chapelier Fou réussit à rendre enveloppante cette musique passant de la chaleur acoustique à la distance électronique sur une multitude de titres dont « Technology » et « Books » semblent être les antipodes. Multipliant les sonorités synthétiques, Chapelier Fou dessine une cathédrale électro aux déliés excessivement bien amenés. Il y a dans cette musique une sorte d’hypnose forte qui nous colle au corps et qui semble nous guider dans l’univers fantastique et enfantin du français.

Il y a du génie dans ces quelques titres, une sorte de puissance intrinsèque qui semble ne jamais se tarir. Réussissant en 2 minutes sur chaque morceau à installer une ambiance, le Français confirme sa position de véritable pointure en matière d’électro.

Se tenant loin d’une électro stéréotypée, Chapelier Fou raffine son approche musicale pour ne faire apparaître que l’essence même des sonorités. Pur sans être minimaliste, la musique du Français nous emporte dans un univers doux et délicat aux titres vite envoûtants et superbement agencés. On est conquis !

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com