La folk française se porte bien et d’autant mieux que Botibol nous ouvre les portes de son nouvel album. Le bordelais qui s’est entouré de Petit Fantôme pour une production sobre et scintillante nous revient au travers d’un 2ème album intitulé « La fièvre Golby ». Vincent Bestaven de son vrai nom dessine les contours d’une folk ronde et pastel. Avec un sens de la construction, il nous entraine dans une suite de titres superbement réussis.

Bercés de sa voix ronde sur un premier titre « Roses Gloves », Botibol nous enveloppe progressivement de son approche simple et lumineuse. Le français dessine une musique aux rondeurs caressantes qui ne cesse de nous attirer.  Cette musique esquisse un univers musical puissant et brillant qui n’a de cesse de nous enivrer. Avec un soin particulier pour une mélodie qui ne faiblit pas, imposant avec simplicité un thème sans fioriture il pose le décor d’une folk épurée et diablement addictive pleine d’une instrumentation ronde et scintillante. 

Traînant sur « Holy Altar Party » une guitare aux sonorités  élimées à l’écho frissonnante rappelant les sonorités de Palatine, Botibol réussit à produire une composition à l’élégance  folle. Usant avec modération de petites touches electros le français dessine avec douceur une folk lumineuse aux mélodies entêtantes. On se laisse prendre au jeu de cette musique puissante sortie des tripes possédant une douceur rare, une sorte de sincérité sereine et constante qui fonctionne à merveille. Avec délicatesse, il nous entraîne dans un folk à la fois épuré et dynamique qui multiplie les appels du pied à une musique électronique sensible et chaude sur un titre comme « Luna » . Car loin de dramatiser des compositions Botibol réussit au travers d’un travail de production fin à intégrer avec habileté une électro en forme de virgules plaisantes dans des compositions toujours addictives.

On pense à Graciaphone dans cette façon dont Botibol nous entraîne sur les pentes glissantes d’une musique à l’orchestration toujours plus poussée. Travaillant ses compositions avec entrain, il fait une excursion réussie dans une sorte de folk-rock complexe aux sonorités désaccordées qui cassent avec bonheur une image proprette d’une folk asseptisée. Avec « Valleys », Botibol prouve le spectre large de son talent capable de transformer une base folk en un mélange rock ou électro. Avec un soin pour la construction de chacune de ses compositions, il nous enivre de ses mélodies en forme de ritournelle.

Ripant sur plusieurs titres un peu ennuyeux « When Heroes Chili Out » ou « The Reason Why » très inspirés d’une musique de film des années 70, Botibol s’enfonce parfois dans une sorte de bossa fluette et cadencée qui vite nous agace. Heureusement pour nos oreilles, ces quelques morceaux ne sont que gouttes dans l’océan folk pur et sobre que le français sait si bien construire. Pour preuve le magnifique « The Last Moth » qui voit le français réussir le morceau parfait portant à son point d’équilibre une folk douce et une électro éphémère superbement mêlées. 

Avec une aisance certaine, Botibol s’enfonce progressivement dans une folk mélange de pop, de rock voire electro. Le tout est délicieusement enrobé dans une production superbement travaillée. Avec un sens de la construction, Botibol transforme sa folk en une vision aérée d’une pop plantureuse et généreuse qui ne cesse de nous tourner en tête. Guitare voix, le folk du français nous touche de sa sobriété relative qui éclate sous les coups de butoir d’une pop ronde et généreuse dont il ne cesse d’envelopper ses compositions. Avec mélancolie, Vincent Bestaven  construit une folk atypique peuplée d’expérimentation pop qui ne cesse de nous faire dériver dans un genre entre deux extrêmement reconnaissable. Avec soin, il dessine les contours d’un univers complexe et soyeux. 

Arnaud Le Tillau
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