/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 28-03-14

Antoine Corriveau – « Les Ombres Longues »

Suite à un premier album folk salué par la critique québécoise, Antoine Corriveau se remet au travail nous proposant un 2ème opus intitulé « Les Ombres Longues ». Signé sur le label Coyote Records après des années de galère, il nous livre un opus sombre et rock à la mélancolie sous-jacente.

C’est par « Un par Un » et ses sonorité lourdes et inquiétantes que le québécois ouvre ce nouvel album. Installant progressivement un climat pesant usant de sonorités métalliques, Antoine Corriveau construit lentement son morceau faisant virevolter une mélodie puissante dans un son des plus bruts. Réussissant à instaurer une tension qui ne se dément à aucun moment, il nous propose un titre sans manière ni fioriture au propos cash.

Composé en plein printemps érable, « Les Ombres Longues » est intimement lié à cette période. Colère retenue, désespoir d’une génération, les compositions du jeune québécois racontent en filigrane cet état d’esprit. Le résultat est splendide et criant de vérité. Contrastant avec son premier album, synthèse de plusieurs années de compositions, ce nouvel opus a du être créé plus rapidement et concentre donc une vision photographique d’une société en plein doute.

La voix d’Antoine nous envoûte de son timbre cassé et éraillé. Son flow vocal impressionnant que l’on découvre sur le magnifique « Printemps, Printemps » en référence au mouvement étudiant nous hypnotise. Cavalcade feutrée sur la pépite rock « Le temps des coupes à blanc », rythme lourd utilisant les toms sur « Noyer le Poisson », le montréalais nous propose des compositions au rock assumé sans succomber aux sirènes de la facilité. Voix profonde, phrasé à la Benjamin Biolay, Antoine Corriveau impressionne de son savoir faire en matière de rock l’appliquant avec beaucoup de réussite à une chanson française sans compromis.

Jouant beaucoup sur le principe du refrain libérateur, il dirige de main de maître des constructions rock intelligentes. Artiste de contraste, la voix du québécois, délicieusement maculée et pleine de grains s’inscrit en faux d’un arrangement soigné et au millimètre. On retrouve un peu de Arno dans cette approche aussi bien vocale que textuelle.

Jouant de sa voix avec beaucoup de dextérité sur un titre acoustique comme « Le nouveau vocabulaire », Antoine Corriveau emplit l’espace nous enivrant de ses mélodies simples.

C’est toute la tradition de la variété francophone québécoise mêlée au rock noir typiquement américain qui s’exprime au travers de cet album. Envoûtant, créatif le québécois impose sa voix charismatique dans des compositions travaillées d’où la fureur et la jeunesse fougueuse transparaissent. Textes forts, arrangements bruts et impactants, Antoine Corriveau poursuit avec brio sa voie musicale. À quand un concert en France ?

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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