Proposer un album électro au Québec n’est pas chose aisée au vu du niveau atteint par les rois Misteur Valaire. C’est pourtant bien d’électro rock qu’il est question avec le premier album de Pif Paf Hangover. Derrière ce pseudonyme en forme de bonne blague se cache un des albums électro de l’année. Brillants, lumineux et frais, les Québécois nous proposent un « Curry Love » épicé et savoureux!

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C’est au travers du superbe « 12 Pack » que débute la tuerie. Mélange de rock et d’électro, le titre foutraque et déstructuré nous fait de suite penser à MGMT. Cascade de corde inondée d’un beat très présent, la musique de Pif Paf Hangover fonctionne à merveille. Follement percutant, le titre semble être une suite d’improvisation extrêmement bien produite. On reste bouche bée et l’on salive d’avance sur la suite.

Impressionnant de justesse sur « Some Say », ils utilisent les codes de la pop pour mieux les détourner. Le résultat est un ovni musical qui agite avec une force rare la pensée unique musicale. Utilisant les mixes un peu commerciaux à la Daft Punk sur le très lisse « So long », ils sont aussi capables de pimenter leur musique à l’image du très percutant « Ginger » où, flexible, la composition nous fait chalouper doucement. Mélange très réussi d’acoustique et d’électro mêlant cuivres festif et basse électro très présente, les titres dénotent une profonde foi en l’innovation musicale.

Sans jamais nous lasser, les Canadiens construisent avec un aplomb sans faille des titres atypiques qui détonnent dans un marché musical dominé par la standardisation. Sans en faire des tonnes le combo nous propose des patchworks sonores au fort goût d’innovation. Faisant exploser la sacro sainte structure pop/rock, ils mettent en place une musique unique se moquant des règles pré-établies.

Malgré quelques titres un peu en deçà tel le gluant « Regularly » ou le tapageur « Bombay », Pif Paf Hangover parvient pratiquement à réaliser un sans faute. C’est d’ailleurs dans les titres instrumentaux que l’on retrouve le cœur battant de cette musique. Ainsi « Houle » nous surprend de son côté percutant et de son absence volontaire de structure. De la même façon, le très rock « Stakatakata » nous emporte dans une tempête faite de beat puissant et de guitares hurlantes. Un régal!

Sobre et dansante, on retrouve dans la musique de Pif Paf Hangover un mélange nuancé de plusieurs styles qu’ils agrègent afin d’en ressortir une essence pure et rythmique. « Curry Love » se pose en référence d’une scène électro fleurissante. Puissante et racée, cette musique vit et nous emporte dans un tourbillon sonore dont il est difficile de se détacher. Loin des rivages du prêt à écouter, les Canadiens suivent leur bonne étoile nous proposant une électro pop fraîche et revigorante. Bref à écouter d’urgence!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com