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Date d'ajout : 03-04-13

Manu – « La Dernière Etoile »

Chronique Manu - Quai Baco
On n’avait pas eu de nouvelles de Manu depuis son album Live à l’Elysée Montmartre en 2010. « La Dernière Etoile » rompt ce silence de belle manière en prouvant une nouvelle fois qu’Emmanuelle Monet maîtrise son sujet quand il s’agit de faire du rock. Mais pas que.

On se souvient tous des nantais de Dolly, groupe-référence en matière de rock français dans les années 90. Emmanuelle Monet, « Manu », était alors la chanteuse du groupe. Avec « La dernière étoile », son 2ème album solo, on retrouve les racines rock qui ont fait le succès du groupe, mais le spectre musical semble s’être élargi avec les années. « J’attends l’heure » campe tout de suite l’ambiance. La voix inimitable de Manu est toujours là, mi-angélique, mi-rock, mais c’est surtout l’atmosphère pop-folk un peu désabusé qui transpire ici. C’est arrangé avec finesse, avec des voix très travaillées du plus bel effet. Une belle entrée en matière. « Que fais-tu? » continue dans cette veine et le gimmick country folk reste en tête immédiatement.

« J’oublie » et surtout « A la légère » sont des titres pop/rock plus classiques, mais avec toujours une ligne mélodique qui fait mouche. De plus, niveau arrangements, rien n’est laissé au hasard : c’est parfois un peu convenu au niveau des guitares, mais souvent relevé d’un zeste d’originalité comme sur « Je pars avant » et ses flûtes de Mellotron avec cette belle rupture rythmique sur le refrain. « Talk (about) », seul titre en anglais de l’album, est une chanson rock simple au refrain agréable, mais agrémentée d’un double solo de saxophone bienvenu.

Manu "La Dernière Etoile" - Quai BacoMais résumer « La dernière étoile » à une succession de bonnes chansons rock serait réducteur. En effet, Manu lorgne parfois vers une folk rock teintée de country comme sur le plus calme « A toute vitesse » ou « La routine ». C’est toujours un peu sombre, sur le fil, tout en finesse. Le titre « La première étoile », sans doute l’un des meilleurs de l’album, résume bien cette impression. C’est tout en demi-teinte porté par un superbe refrain énervé qui contraste avec des couplets sous tension. Les choeurs inquiétants, les cloches… Autant d’éléments discrets qui instaurent une ambiance si particulière déjà entendue dans l’instrumental d’ouverture « Oh! Dear! ».

Avec cet album, Manu continue dans un style rock qu’on lui connaît, mais avec une maturité évidente dans l’arrangement et l’écriture des textes. Elle fait partie de ces interprètes/auteurs/compositeurs/musiciens qui font preuve d’expérience dans la réalisation (comme par exemple Clarika en chanson française), évitant les pièges un peu faciles et sachant donner dans la demi-mesure et la subtilité nécessaire pour créer un album unique qui va au-delà de la simple succession de chansons. Certes, c’est parfois un peu classique sur certains titres, mais la manière est là, ce qui fait de « La dernière étoile » un album de rock français comme on en entend plus si souvent, et c’est bien dommage.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com


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