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Date d'ajout : 18-03-13

Woodkid – « The Golden Age »

Chronique Woodkid - Quai Baco
On peut dire que Yoann Lemoine, alias Woodkid, a su faire monter la sauce au sujet de son premier album « The Golden Age ». « Iron », le premier extrait apparu en 2011, a connu un succès phénoménal, et les clips de Lana del Rey, Rihanna ou Drake ont fait de lui un des réalisateurs de clips les plus en vogue. Restait à savoir si cette longue attente savamment orchestrée allait déboucher sur la merveille annoncée. La réponse est oui, sans aucun doute.

Et pourtant la méfiance était de mise. Des clips vidéos très réussis et seulement quelques bons singles en tant que compositeur à se mettre sous la dent, on ne savait sur quel pied danser avec ce premier album de Woodkid.

Le premier titre « The Golden Age » nous met rapidement sur la piste : un piano/voix rejoint par un orchestre omniprésent, sur une mélodie aux sonorités pop. C’est simple et très dense à la fois, chargé d’émotion et instantané. La voix de Yoann Lemoine est ronde et douce, légèrement cotonneuse, et contraste avec un arrangement puissant.

On retrouve cette opposition tout le long de l’album : des arrangements orchestraux superbes avec des cuivres omniprésents, lourds et chargés, des rythmiques aux percussions impressionnantes (« Ghost lights »), mais toujours contre-carrés par une voix posé, un piano plus calme (le honky tonk de « Boat Song »), ou des cordes tout en subtilité. Rajoutez à cela un soupçon d’électronique, comme sur « Conquest of Spaces » ou « Stabat Mater » et son petit arpège electro, vous obtenez un univers unique, sombre et cinématographique au possible.

Woodkid "The Golden Age" - Quai BacoOn pense aux envolées lyriques de Badalamenti ou Danny Elfman sur « The other side », mais aussi à la pop psyché de Antony and the Johnsons, avec un esprit beaucoup plus rock. Car sous ces aspects grandiloquents et orchestraux se cachent des chansons pop aux accords simples et aux mélodies ciselées. « Run Boy Run » est un single évident avec son excellent refrain et ses couplets pleins de percussions.

Mais Woodkid pourrait jouer ses titres en piano/voix que le résultat serait sûrement excellent. « Where I live » se contente d’un piano soutenu de cuivres sur les refrains pour que se dégage un lyrisme hors du commun. Mais d’une manière générale, le lyonnais ne fait pas dans la demi-mesure niveau arrangements : c’est bien souvent énorme, avec des cloches, des choeurs et des cordes qui s’entremêlent. Complètement mégalo, mais pleinement assumé et fait avec classe.

Le très pop « The Great Escape » nous rappelle l’élégance britannique des irlandais de Divine Comedy sur « Tonight we fly » : une cavalcade à la mélodie imparable ponctuée de pêches de cloches et cuivres. Au contraire « Boat Song » prend le temps d’installer une ambiance plus calme, avec des parties instrumentales posées d’une finesse rare.

Bien qu’essentiellement composés d’instruments classiques, une modernité impressionnante se dégage des arrangements de « The Golden Age ». Par exemple, l’instrumental « Shadows » mêle habilement les cordes avec un accordéon noyé volontairement dans la réverbération. C’est classique sans être conventionnel, émouvant sans être sirupeux. La grande classe. Ici, pas de cordes pleurantes « Obispo », pas de prouesses vocales qui déchirent les oreilles, Woodkid mise tout sur de bonnes chansons à l’interprétation exceptionnelle accompagnée d’une puissance de feu instrumentale peu commune. Et qu’importe si c’est parfois presque trop : ça marche superbement.

« The Golden Age » est un donc album épique comme on n’en avait pas vu depuis longtemps. De la pop sombre aux instrumentations démesurées incroyables qui nous embarque instantanément dans un film dont le réalisateur s’appelle Woodkid. C’est totalement hors-norme et complètement génial.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com


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