/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 13-12-13

Tcheky Karyo – « Credo »

Connu et reconnu pour ses rôles de méchants au cinéma, Tcheky Karyo nous présente en cette fin d’année, son deuxième album intitulé « Credo ». Le natif d’Istanbul y déverse un rock nourrit de ses expériences dans une approche très liée au cinéma.

Démarrant sur « Olive Tree », à la mélodie simple et attachante jouée au piano seul, on est de suite surpris par la voix douce en complet décalage avec les rôles de durs qu’il incarne à l’écran. Au travers d’arrangements étonnants de simplicité, on est touché par l’habileté du français et par cette façon qu’il a de construire ses morceaux.

En effet, c’est bien dans le cinéma qu’il faut rechercher le pourquoi de ces constructions atypiques. Dès « Poisoned lipstick » on est confronté à ces changements d’ambiances réguliers nous emportant progressivement au travers d’une mélodie entraînante et entêtante dans une sorte d’opéra rock aux enchaînements sans logique musicale apparente. Force est de constater que bien qu’atypique et ne ressemblant à pas grand chose de connu on se laisse prendre au jeu.

À l’image de « Autour de la mémoire », titre entre blues et rock faisant déferler des thématiques musicales lourdes et puissante, Tcheky Karyo au travers d’une approche très personnelle et presque en forme de déformation professionnelle, semble habité par ses textes aux métaphores visuelles incessantes dans un écrin lorgnant vers la mécanique cinématographique. Voulu ou subit, le cinéma ne quitte pas cet homme le suivant même dans chacune de ses compositions.

C’est d’ailleurs dans son travail d’acteur que le français puise cette force d’interprétation qui ne le quitte que rarement. Entre chanté et parlé, le comédien est comme un poisson dans l’eau proposant des titres mélangeant chanson française et rock nu. Brut au niveau du texte, lancé comme un missile à nos faces naïves sur  » Mars » où Tcheky décrit la guerre et les combats comme personne, le français est inclassable.

Artisanal dans son approche de la musique hors des règles et des standard, certaines compositions nous font tout de même penser à l’univers déglingué d’Emir Kusturica « La Rumeur » ou « Games of Love » tantôt sympathique, tantôt inquiétant à l’image finalement de ses personnages.

Brut, massif, chaleureux parfois inquiétant, ce deuxième album de Tcheky Karyo pose les bases d’un style n’appartenant qu’à lui et attachant à bien des égards. Unique dans son approche d’une musique qu’il créé avec ses tripes et sa personnalité, le français nous emporte dans son univers excessivement cinématographique. « Credo » semble être la bande son d’un cabaret déglingué support aux tortueuses réflexions d’un artiste complet.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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