SUIR – « Not All Of Your Pain is Self Chosen » : La Chronique

Au fil des sorties d’album, nous pouvons visualiser l’effet de la pandémie sur nombre d’artiste. C’est encore le cas pour le 3ème album des allemands de SUIR. Le duo originaire de Cologne, nous présente un « Not All Of Your Pain is Self Chosen » qui apparait comme leur plus réussit ainsi que leur plus personnel. Dans un mélange très esthétique de punk lent et de rock incisif, les allemands nous entrainent dans une pauvre dense et noire.

Dès « Hauted » on est comme plongé dans une sorte de puissance électrique. Dans un déluge très industriel, le duo nous propose une musique aux guitares noyées dans un écho aspirant. Avec un sens de la mise en scène, SUIR nous entraine sur ce premier titre dans une musique noire et contemplative. On y retrouve une noirceur poignante qui tapisse de fond en comble ce titre aux sonorités lentes et enveloppantes. Montant progressivement en puissance ce premier titre vient poser les bases d’un univers sombre et tranchant qui n’a de cesse de nous enivrer.

Tout chez SUIR transpire une attitude à la noirceur troublante. On est comme happés par ces séries d’accords qui tournent en boucle, superposés à ce chant monocorde et puissant qui nous envoute. On retrouve dans cette musique une violence rock sans concession qui inexorablement semble nous écraser de tout son poids « What Is Real ? ». Dans une sorte de fureur saturée, SUIR nous envoie en pleine tête une musique des plus granuleuse. On y retrouve ce mélange entre pop expérimentale et rock sans concession qui réussit à toucher du doigt une sorte d’esthétisme strict. Sorte de Rammstein doux, « NYC » voit les allemands construire une musique à l’imaginatif rugueux et métallique qui s’applique parfaitement à l’époque actuelle.

Dans une musique très underground par sa capacité à travailler les excès, SUIR dessine une oeuvre à la puissance de feu impressionnante. Dans une lenteur addictive, les allemands construisent des titres s’embrasant en une fraction de seconde et gardant toujours cette flamme omniprésente. Montant constamment en puissance, les allemands mettent leur connaissance de la post-punk pour nous plonger dans un rock vampire qu’ils réussissent à rendre orchestral. On y retrouve ce je ne sais quoi de Smashing Pumpkins dans ce mélange subtile entre rock tranchant et mélodies harmonieuses. Dans un tout épineux, les allemands nous proposent une musique aux envolées lyriques « Vampires » .

Cultivant avec force une ambiance à l’esthétique très froide et distante, SUIR nous propose une musique qui tournoie lentement autour de nous tel un prédateur. Il y a une violence intrinsèque qui se fait jour dans ce mélange punk rock aux contours rugueux et sombres. Croisant le fer avec un rock puissant aux mélodies épiques, les allemands s’imposent dans des compositions au long court qui donnent à voir un monde peuplé d’ombre toutes plus menaçantes les unes que les autres. Que ce soit au travers de la monotonie addictive du lead vocal ou de la lenteur tout en soubresaut de chaque titre, ce 3ème album donne à voir un groupe au faite de son art.