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Date d'ajout : 05-06-19

Renan Luce – « Renan Luce »

Ce nouvel album de Renan Luce est celui d’une rupture et de la tempête émotionnelle qui s’en suit. Séparée depuis 3 ans de Lolita Séchan, le breton de 39 ans nous propose un album éponyme à l’instrumentation soignée et aux textes mélancoliques qui n’est pas sans rappeler les productions de l’âge d’or de la variété française lorsque Brel, Aznavour ou Bécaud tenaient le haut de l’affiche. Avec un sens de la mélodie et des textes touchants, le français couche ses peines et son désarroi sur 11 titres superbement ficelés.

Renan Luce - "Renan Luce" : La chronique

Il y a comme un goût de 60’s dans cette bossa nova orchestrale « Au début » qui ouvre de façon délicate ce nouvel album. Dans une instrumentation travaillée et au parfum gainsbourien des débuts, le français s’enveloppe dans une composition simple et superbement agencée dans laquelle il aborde avec subtilité son souhait de repartir à zéro. Il y a une élégance dans cette musique qui dessine doucement une approche feutrée d’une variété jouant sur les mots. On ressent une approche d’une candeur indescriptible et en même temps ancrée dans une époque qu’il souhaite adoucir. Renan Luce poursuit son personnage d’homme sensible qui lui va si bien dans une première composition au classique surprenant et vite entêtant.

Renan Luce traite sur ce nouvel album sa séparation au travers de la garde partagé de sa fille « Berlin » ou de son acceptation de cette déchirure « On s’habitue à tout » . On aime cette façon un peu désuète mais ô combien efficace d’habiller de lumière des compositions à la classe certaine. Renan Luce nous inonde d’une musique au feutré classique dans laquelle il dessine au travers d’un mélodisme aboutit des compositions touchantes. Il caresse de sa voix une variété française épanouie dans une instrumentation toujours aussi luxueuse. Il nous enivre de son swing doux et tranquille qui vient électriser une composition à la rondeur feutrée et caressante. Se fondant dans un paysage de crooner, Renan Luce de sa voix caressante nous entraine dans une musique superbement exécutée.

Poursuivant ce qu’il avait initié dans ses précédents albums, il semble trouver peu à peu sa voie dans une variété française de très grande qualité. Conteur hors pair, il dessine de nouveau sur ce nouvel album des titres superbement travaillés qui mettent en valeur son sens du récit. Enchaînant les titres toujours classes, Renan Luce se pose en pourfendeur d’une variété d’antan qu’il agrémente d’un déluge de violons sur « Le point Némo » ou plus proche d’une musique de film année 60 sur le jazzy « Du champagne à 15 heures ». Au travers d’un goutte à goutte orchestral et pop on découvre un artiste capable de prendre du recul et nous proposer une oeuvre au concept entier. Avec un sens délicat  de la mesure, le breton dessine des compositions toujours aussi touchantes et se place au niveau des Delerm et autre Biolay dans cette façon de proposer une oeuvre sûr et complète.

Aussi à l’aise dans cette approche à la fois légère et grave, Renan Luce nous éblouit de son talent de conteur sur un nouvel album qui apparaît comme l’un de ses meilleurs. Au travers d’une musique à la sobriété classique qui nous rappelle un Renaud sur « La Belle de Mai » , le français nous propose une variété française de très grande qualité dont la gravité n’a d’égale que cette instrumentation à la mélancolie folle et à la tristesse inouïe qui nous touche. Il y a dans la musique de Renan Luce une certaine idée de la variété française empreinte d’intemporalité et de film noir et blanc. 

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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