Placebo – « Loud Like Love »
Il faut bien avouer que depuis « Placebo » en 1996 et son successeur « Without you I’m nothing », on est toujours resté sur sa faim concernant les albums de Placebo. Et « Loud Like Love » ne déroge pas à cette règle. On retrouve cette recette unique qui ravira sûrement les fans, mais glissera distraitement dans les oreilles du commun des rockeurs qui oubliera sûrement ce nouvel album instantanément. Une décision des plus sages.
Donc au menu : couches de guitares saturées, son de batterie resté coincé au milieu des 90’s et la plus que jamais horripilante voix de Brian Molko, qui donne l’impression de ne jamais cesser de se plaindre. Que ce soit « Scene of the crime », « Rob the bank » ou « A million little pieces », les morceaux se suivent et se ressemblent : du rock alternative qui semble avoir été enregistré en 1998, avec des couplets monotones portés par une basse ou une guitare qui appuie bien tous les temps, histoire de donner un peu de rythme.Pourquoi pas après tout, mais encore faut-il tout déchirer sur le refrain qui suit, ce qui est trop rarement le cas. Ouvrir le feu avec des tonnes de guitares, une caisse claire qui claque et des nappes de synthé ne parvient jamais à compenser l’absence d’une vraie bonne mélodie, et ce n’est pas « Purify » qui nous fera dire le contraire.
Pourtant certains titres sortent du lot et « Loud Like Love » en ouverture de l’album nous laissait entrevoir quelques bonnes choses, malheureusement la promesse s’effondre rapidement pour laisser place à des reverbs froides et sans âme, quelques effets spéciaux de l’espace ou des boîtes à rythme comme sur « Exit Wounds », histoire de faire grosse production moderne. Du mauvais Indochine britannique en quelque sorte. Oui, c’est possible.
Pourtant au milieu de tout cela surnage « Bosco », ballade au piano froid comme de la pierre, mais étonnamment agréable, et surtout « Hold on to me », superbe titre comme le groupe ne nous en a pas proposé depuis longtemps. Belle mélodie, arrangements fins, tout les ingrédients sont là pour faire du « bon » Placebo. Comme quoi ça aussi c’est possible.
Avec ce nouvel album, Placebo donne l’impression de s’auto-parodier en accumulant les clichés du rock alternatif des années 90 . Heureusement quelques titres valent le détour, mais ne parviennent pas à sauver « Loud Like Love », non pas d’un naufrage, mais plutôt d’une dérive lente et soporifique entamée depuis maintenant une dizaine d’année. Parfois mieux vaut couler une bonne fois pour toute plutôt que d’essayer de garder péniblement la tête hors de l’eau…
Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com
/// COMMENTAIRES